Gavroche se félicite d’être en contact direct et régulier avec ses lecteurs. L’un des derniers messages reçus, avant d’écrire cet éditorial, nous reproche vertement d’avoir donné trop d’échos à l’alerte du Centre des maladies contagieuses de Bangkok, évoquant la possibilité que plus de 600 cas d’infection au coronavirus aient été «oubliés» dans les statistiques publiées depuis l’apparition de l’épidémie (le chiffre officiel au 8 février est de 32 cas). Soit. Mais ne faisons nous pas notre travail en citant, au conditionnel et avec précautions, cette information tout de même préoccupante ? Et quid du massacre de Korat, dont nous avons toujours écrit qu’elle s’est déroulée dans un pays d’ordinaire très sur, où ce genre de tuerie de masse est rare ? Devions-nous «en faire moins» ? L’avis de notre petit rebelle est simple: La Thaïlande, pays d’ancrage de ce portail d’informations régionales, n’est pas au dessus de tout soupçon.
Il est normal que les résidents étrangers défendent leur pays d’adoption. Gavroche a toujours pris le parti de la Thaïlande et de la société Thaïlandaise, lorsque l’une comme l’autre sont visées par des critiques trop systématiques, et visiblement ignorantes des réalités locales. Mais peut-on quand même débattre de l’attitude des autorités thaïlandaises et de certaines tendances préoccupantes dans le royaume ? Nous pensons que oui, quitte à avoir tort. Et nos colonnes vous sont ouvertes, à travers le courrier des lecteurs, pour nous adresser vos reproches et vos commentaires.
Prenons trois exemples, et ouvrons la discussion:
. Le Coronavirus. Le gouvernement thaïlandais affirme depuis deux semaines avoir trouvé un remède. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne l’a pas confirmé. Et l’on apprend, par la voix d’officiels chargé du contrôle épidémiologique, que certains critères ont peut être été «oubliés» dans le décompte des personnes infectées dans le royaume. Doit on laisser de coté cette information ?
. La politique. Le 19 février, le débat sur la motion de censure présentée par l’opposition contre le premier ministre Prayuth va s’ouvrir au parlement. Le sort du parti de l’avenir (Future Forward Party) est toujours dans les mains des juges qui n’ont pas encore tranché sur la plainte relative à son financement. Peut-on s’interroger sur cette démocratie sous surveillance juridique ? Nous savons aussi, sans les relayer car la loi sur le délit de lèse majesté nous l’interdit, que beaucoup de rumeurs circulent autour du palais royal depuis la disparition publique de la première concubine du roi Rama X. Nous avons bien écrit «rumeurs». Il ne s’agit pas de faits confirmés. Mais doit-on, là aussi, les mettre de coté alors que les réseaux sociaux bruissent de ces «on dit» ?
. La tuerie de Korat. Nous avons gardé cet exemple en dernier. Il est le plus douloureux. Ce type de tueries est fréquent dans les pays occidentaux. Nous n’avons aucune leçon à donner. Mais comment ne pas s’inquiéter des mots du sergent tueur contre la corruption ? Quel était son motif ? Pourquoi avoir choisi de tirer et de tuer dans l’enceinte du Terminal 21, temple de la consommation à Korat ?
Trois exemples. Trois incitations à débattre. Trois raisons de défendre la Thaïlande qui nous accueille, mais aussi, lorsque cela est justifié, de tirer le signal d’alarme. Non, le pays du sourire et de la sérénité bouddhique – dont nous pouvons tous constater les mérites, la tolérance naturelle et le respect de la diversité – n’est pas au dessus de tout soupçon.