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CHINE – ÉPIDÉMIE: Deux journalistes français racontent «Pékin sous Coronavirus»

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 14/02/2020
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Leurs deux reportages sont parus à un jour d’intervalle. Sébastien Faletti est le correspondant du Figaro à Pékin, mais il est aussi familier de Bangkok et des pays d’Asie du sud est, qu’il a longtemps couverts pour Le Point. Frédéric Lemaitre est le correspondant permanent du Monde dans la capitale chinoise. Tous deux ont raconté leur vie quotidienne dans le détail. Une vie de masques, de combinaisons de protection, de mesures strictes surveillées par la police chinoise. Passionnant et effrayant.

 

Nous reproduisons ici des extraits des deux reportages parus dans Le Monde et Le Figaro dont nous recommandons la lecture

 

Le Figaro: À l’heure où les quartiers, comme les esprits, se barricadent, notre correspondant Sébastien Falletti raconte la grande psychose qui enveloppe la Chine

 

Au cœur de la capitale fantôme, chaque résidence se transforme en fortin et une poussée de fièvre fait de vous un suspect.

 

Il s’agit d’un cas de force majeure. La cuvette des toilettes déborde. Pour la troisième fois en quelques mois, la chasse d’eau fait des siennes, dans cet appartement surplombant le très socialiste Stade des travailleurs. Je descends en quête d’un plombier. Dans l’ascenseur, une boîte de Kleenex est scotchée à la paroi, distribuant des mouchoirs afin de ne pas effleurer de la peau les touches d’appel. On n’est jamais trop prudent. Dans le hall d’entrée, un lustre en plastique blanc chargé de verroterie surplombe le guichet, où trône la bannière griffée de la faucille et du marteau.

 

Des haut-parleurs crachent de la propagande pour mobiliser les masses face à la menace «épidémique», dans le hall désert. Au comptoir, la réceptionniste à faux cils, camouflée derrière un masque chirurgical, me regarde ahurie. «Vous êtes sûr que vous souhaitez qu’un inconnu vienne vous dépanner…

 

La suite du reportage ici.

 

Le Monde: Des rues désertes, la plupart des magasins fermés, un climat lourd de méfiance… Frédéric Lemaître, correspondant du « Monde » en Chine, témoigne de la vie quotidienne dans la capitale.

 

A Pékin, le temps semble s’être arrêté. En ce mardi 11 février, ce sont toujours les journaux du 20 janvier que les vitrines – elles-mêmes vestiges d’un lointain passé – continuent d’offrir à la lecture publique, dans l’avenue sans fin qui longe, au nord, le stade des Travailleurs. Il faut aller jusqu’à la 14e page de l’édition chinoise du Global Times pour y lire une information sur le coronavirus. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. La commission de la santé de Wuhan a annoncé la veille que « le risque de transmission du virus entre les humains n’est pas exclu mais est très faible ». Que cela semble loin !

 

Pour faire oublier ces semaines perdues, ces vies sacrifiées, la propagande met aujourd’hui les bouchées doubles. Quitte à créer une panique générale. Il y a des crises qui rapprochent, celle-ci divise. L’autre, voilà l’ennemi. Le passant qui ne porte pas de masque, le voisin qui a déjà ôté ses gants dans l’ascenseur, le commerçant qui a augmenté ses prix.

 

On peut « Être Charlie » mais il ne vient à l’idée de personne d’« Être Wuhan ». Venir de la province du Hubei, c’est même être pestiféré. « Dans mon immeuble, nous avons tous reçu un coup de fil pour savoir si nous avions été en contact avec un habitant du Hubei », témoigne une Pékinoise domiciliée dans l’ouest de la ville.

 

« Vous n’avez pas peur ? »

 

Dans ce climat de peur, l’étranger n’est pas toujours le bienvenu. J’en ai fait l’expérience à l’aéroport de Bangkok, en Thaïlande, le dimanche 26 janvier. Cela faisait soixante-douze heures que j’avais quitté Pékin, espérant prendre des vacances au Laos, mais, entre-temps, la situation avait changé du tout au tout. Wuhan était en quarantaine, le président chinois Xi Jinping reconnaissait la gravité de la situation, Français et Américains organisaient le rapatriement de leurs ressortissants. Impossible de rester en vacances, il me fallait repartir dès que possible dans la capitale chinoise et couvrir cette crise…

 

« Mais pourquoi allez-vous à Pékin, en ce moment ? » : ce n’est pas une question, plutôt un reproche. La Chinoise qui me l’adresse en insistant bien sur les trois derniers mots n’écoute même pas la réponse. L’ambiance est lourde, ce jour-là, à l’embarquement du dernier vol de la journée pour la Chine. Tous les passagers de ce vol de nuit portent un masque. Trois d’entre eux plombent particulièrement l’ambiance : non seulement ils portent des lunettes de protection mais leurs masques sont décorés de têtes de mort. Bienvenue à bord…

 

La suite du reportage ici.

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