Vue d’Asie, la crise du coronavirus – Covid 19 semble maitrisée. Les conséquences sociales de celles-ci ont été évaluées depuis deux mois, mais le contrôle strict de l’information, en particulier en Chine, rend difficile toute évaluation. Nous avons pensé que les lecteurs de Gavroche, tous passionnés par l’Asie, seraient aussi intéressés par une perspective européenne sur cette épidémie qui a gagné le vieux continent. Le coronavirus-Covid 19 nous rend-il égoïstes ou solidaires ? La question mérite d’être posée lorsque les hôpitaux doivent refuser des patients, des secteurs entiers sont paralysés, et dans de nombreux pays, les écoles sont fermées.
Nous reproduisons ici la revue de presse Eurotopics, disponible sur abonnement gratuit.
Coronavirus : l’Europe en fait-elle assez contre la pandémie ?
Pour lutter contre les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, la BCE a annoncé de nouveaux crédits pour les banques, afin de continuer à alimenter l’économie en liquidités. Elle a toutefois laissé son taux directeur inchangé. Bruxelles débloque une aide financière de 7,5 milliards d’euro, appelée à atteindre 25 milliards. Les éditorialistes doutent que ces mesures s’avèrent suffisantes. Plus d’infos ici.
La suspicion s’insinue dans les relations
Upsala Nya Tidning – Suède. Upsala Nya Tidning craint que la crise ne favorise les réflexes égoïstes : «Les effets psychologiques d’une pandémie ont été abondamment traités dans des films et des livres. Le classique de Camus, ‘La Peste’, se vend comme des petits pains ces dernières semaines. Une maladie infectieuse se déclarant à grande échelle peut entraîner une érosion de la confiance en autrui. Les riches se claquemurent dans leurs forteresses, les semi-riches sont tentés d’aller s’enfermer dans leur résidence secondaire. Ceux qui restent louvoient entre leur appartement et le supermarché, et s’épient avec méfiance : quelqu’un s’est-il fait contaminer ou se comporte-t-il de manière suspecte ? A ceci s’ajoute la prise de conscience de la finitude des ressources quand la société se barricade. … Plus que cinq boîtes de ravioli dans le rayon du magasin ? Je les prends toutes les cinq, mon voisin, qui passera après moi, repartira le cabas vide.» Plus d’infos ici.
La cruauté de la sélection
La Repubblica – Italie. Dans les hôpitaux italiens, la garantie des soins a déjà atteint un seuil critique. Les personnes âgées sont quasiment condamnées, déplore Ezio Mauro dans La Repubblica : «Bientôt, nous en arriverons à un processus de sélection entre les patients que l’on peut encore sauver et ceux qui sont condamnés. … Chaque jour, les médecins sont placés devant ce type de décisions. Ils sont amenés à évaluer l’état du patient pour décider de la poursuite des thérapies. Une autre chose est le tri générationnel qui s’opère ici, sans que le pays ne marque un temps de réflexion et tente de comprendre le conflit qui oppose pères et fils ; le conflit entre la valeur absolue d’une vie et le système de valeur d’un virus qui fait de l’âge une faute ou un fardeau. … Le virus touche certes l’individu, mais il attaque aussi la société et en affaiblit la cohésion.» Plus d’infos ici.
La peur du corona pourrait transformer l’humanité
Dnevnik – Bulgarie. Dnevnik évoque la transfiguration que pourrait opérer la pandémie du coronavirus, qui coïncide avec une période particulière du calendrier orthodoxe : «Le grand jeûne du carême orthodoxe [du 2 mars au 18 avril] se présente comme un défi particulier cette année : tant pour les croyants que pour les athées. La peur de la mort subit une transformation : d’un problème individuel, elle devient un problème collectif. C’est une menace commune qui exige davantage de nous qu’une quarantaine physique de 40 jours. La question ne se limite pas à ce qu’il adviendra de nous tous et du monde dans les 40 jours à venir. Il est tout aussi important de se demander comment cette période de souffrance nous transformera. Quel nouveau type d’humain émergera, derrière le masque de la peur ?» Plus d’infos ici
Apporter une aide aux parents
Die Presse – Autriche. L’Autriche ferme les écoles mais ne propose pas de solutions aux parents pour la prise en charge des enfants, critique Die Presse : «La fermeture provisoire de toutes les écoles du pays est une mesure drastique du gouvernement. A voir comment les choses évoluent en Italie, la mesure est absolument justifiée. … Ce qui est inadmissible en revanche, c’est que l’on laisse les parents prendre seuls la décision de garder leur enfant [de moins de six ans] à la maison ou de l’envoyer dans une garderie. … Le ministre de l’Education, Heinz Fassmann, appelle les parents à se montrer solidaires avec les personnes âgées. Il serait bienvenu que le gouvernement se montre lui aussi solidaire avec les parents et leurs employeurs, et adopte des règles qui précisent dans quels cas les salariés peuvent rester à la maison et qui assurera leur rémunération.» Plus d’infos ici
Suspendre les surtaxes et les quotas d’importation !
Handelsblatt – Allemagne. L’économie ferait bien de se montrer elle aussi plus solidaire, écrit le quotidien Handelsblatt : «Dans leur intérêt commun, les Etats-Unis et la Chine pourraient suspendre les droits de douane qu’ils se sont mutuellement infligés. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, pourrait renoncer à sa menace de rompre les liens économiques avec l’UE fin 2020 si d’ici là, aucun accord de libre-échange n’avait été négocié. Et tous les Etats membres de l’OMC devraient s’engager à lever les taxes à l’importation, les quotas d’importations et les interdictions d’exportation sur les équipements médicaux, les solutions de désinfection et les savons pour une durée de six mois. Ce signe de solidarité internationale apaiserait les marchés financiers, mais élargirait aussi la marge de manœuvre pour des baisses d’impôts ciblées, des aides provisoires de l’Etat aux entreprises en difficulté et davantage d’investissements publics.» Plus d’infos ici