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CHINE – ÉPIDÉMIE: Ce que l’on sait de la riposte chinoise au coronavirus-covid 19

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 14/03/2020
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La Chine est citée en exemple pour sa riposte présumée efficace et adéquate au Coronavirus-Covid 19. Est ce juste ? Connait on la vérité sur le dispositif mis en place, de façon autoritaire, par le gouvernement chinois ? Notre confrère Asialyst, dont nous vous recommandons chaudement la lecture, a publié une analyse détaillée de l’enchainement des événements survenus depuis la fin décembre. Nous en publions des extraits significatifs.

 

Nous reproduisons ici des extraits de l’enquête publiée par notre confrère Asialyst dont nous vous recommandons chaudement la lecture ici.

 

Les premiers décomptes chinois ont été rendus publics vers le 11 janvier – date de la première mort liée au virus. Les autorités parlent alors d’environ 41 cas confirmés d’une maladie très difficile à diagnostiquer au premier coup d’œil, partageant des symptômes similaires à la grippe, mais aussi aux différents types de pneumonies. Le second décès (officiel toujours) est annoncé le 17 janvier (…)

 

Les premiers cas à l’étranger font leur apparition au Japon, en Corée du Sud et aux États-Unis, alors que Wuhan n’est pas encore « verrouillée ». Le 20 janvier, plus de 200 cas ont été identifiés : l’État chinois semble vouloir faire preuve de transparence. Trois jours plus tard, on annonce au préalable à la population locale que la ville sera fermée. Plus de 5 millions d’habitants quittent alors Wuhan* alors que l’on estime à environ 800 cas le nombre total d’infections. Les autres villes de la région sont un peu laissées à elles-mêmes avant que certaines comme Erzhou et Huanggang soient fermées à leur tour. Le gouvernement central envoie des fonds d’urgence à la province pour pouvoir contenir le foyer d’infection et la construction d’un nouvel hôpital est lancée afin de pouvoir accueillir de nouveaux patients.

 

Le nombre de cas passe le 25 janvier de 830 à plus de 1 297 en Chine (1 320 dans le monde). Le bilan des morts s’élève alors à 41 vies humaines perdues (…)

 

Un peu partout dans le monde, les compagnies aériennes annulent plusieurs vols en direction de la Chine. Ce qui nous amène au 29 janvier. Pékin confirme en fin de matinée plus de 5 974 cas et 132 décès, sans parler des nouveaux cas à l’étranger. Quoique les chiffres restent sous-estimés, près de 10 000 personnes demeurent en observation, 1 239 sont dans un état critique – le taux de mortalité descend alors à environ 10 % pour les cas hospitalisés -, et plus d’une centaine de malades guérissent (…)

 

Puzzle chinois
La première pièce du puzzle est sans doute la situation des cadres locaux de manière générale, combinée avec deux autres considérations. D’une part, les deux assemblées locales de Wuhan et de la province avaient lieu respectivement du 6 au 10 et du 11 au 17 janvier ; d’autre part, le Nouvel an chinois, cette année le 25 janvier, annonce la gigantesque migration intérieure des Chinois au quatre coins du pays pour retrouver leur famille (…)

 

Difficile de comprendre le contexte de la crise sans évoquer les circonstances. Lancer l’alarme et mettre en place un dispositif pour contenir la population à quelques jours du Nouvel an n’est pas une mince affaire. Cela peut causer de l’instabilité comme du mécontentement. Les enjeux sont énormes et le pourcentage de réussite d’une telle opération diminue de jour en jour sachant que certains habitants rejoignent leur famille avant le 25 janvier. L’annonce de la quarantaine le 23 janvier précipite plus de 5 millions d’habitants hors de Wuhan. Dans le même temps, l’incertitude s’installe : les « modèles de confinement » qui servent à calculer les pics de contamination et à estimer le nombre d’infections à court moyen termes n’arrivent pas à s’accorder sur le nombre de cas maximum à prévoir (…) .

 

Pour ce qui est de la communication et des moyens, la situation est un peu la même : les autorités chinoises étaient-elles capable au début de bien identifier les cas de contamination ? Et si des cas étaient asymptomatiques ? Et si plusieurs personnes restaient chez elles pour faire « passer cette grippe » ? Donner un compte juste va s’avérer assez difficile, surtout avec le « facteur Chine » : densité de population, étendue des transports publics et autres problèmes dus à l’échelle du pays. Ainsi, lorsque les médias parlent de « faire confiance à la Chine » dans cette crise, est-ce vraiment approprié dans la mesure où les évaluations sous-estimées ne sont pas nécessairement le fruit d’une mauvaise volonté, mais bien d’un manque de moyen ? Les autorités locales – et même centrales – n’étaient pas préparées, ne savaient pas ce qu’elles avaient en stock afin d’être en mesure de répondre à une contamination de grande ampleur. Elles ne semblaient pas non plus savoir ce dont elles avaient besoin une fois la crise enclenchée. (…)

 

Il faut ajouter à tout cela une pléthore de faux pas qui n’ont fait qu’aggraver la situation. À commencer par la fermeture de Wuhan annoncée à l’avance et qui a permis à 5 millions d’habitants de fuir la ville. Plusieurs personnes ont pris des médicaments pour faire baisser leur température afin d’échapper aux contrôles dans les aéroports, devenant le vecteur du virus un peu partout. D’autant que le 23 janvier, un avion d’Air China en provenance de Wuhan atterrissait à Hong Kong.

 

La gestion de la crise dans les hôpitaux eux-mêmes s’est révélée problématique. Dans une vidéo qui a d’abord fuité sur la plateforme de microblogs Weibo avant d’être re-publiée sur Twitter, on voit une infirmière marchant dans un corridor hospitalier avec des personnes décédées sur des civières abandonnées. Plusieurs médecins ont prescrit des antibiotiques tout en renvoyant les patients chez eux. Sans compter la colère d’autres patients qui parfois crachent au visage des docteurs ou toussent en direction du personnel afin d’obtenir de l’aide. Ce ne sont que des exemples (…)

 

La crise a aussi provoqué une onde de choc dans le pays. D’autres provinces ont repoussé leur double session parlementaire locale, à l’instar de plusieurs villes du Shandong dans le Nord-Est. Les multiples couches bureaucratiques à présent concernées par la crise doivent pouvoir travailler à l’unisson, chose qui ne sera pas facile alors que la prolongation des vacances du Nouvel an annoncée par Xi se termine ce dimanche 2 février. Cependant, comment prolonger de manière indéfinie un tel contrôle sur des dizaines de millions de personnes ?

 

Internet, juge et arbitre
Depuis le début de la crise, les critiques défilent sur les réseaux sociaux chinois, en plus des photos qui « sortent » de Wuhan et de ses hôpitaux. Fait notable : elles ne sont pas censurées pour autant. Les autorités laissent la population critiquer allègrement les dirigeants provinciaux, chose qui aurait du mal à passer en temps normal. Le Parti semble comprendre que le contrôle total de l’information n’est pas possible : des brèches dans la Grande muraille numérique sont apparues dès la mi-janvier. Certaines donnent une vision « apocalyptique » de Wuhan. D’autres envoient toutes sortes de photos et d’informations qui finissent par semer la confusion plus qu’autre chose.

 

Il faut aussi souligner le peu de couverture médiatique accordée aux personnes qui ont su guérir de l’infection, chiffre qui rivalise avec le nombre de décès. Pékin tente de contenir l’épidémie qui, dans les prochaines heures, devrait passer le cap des 10 400 personnes contaminées. Cette crise sanitaire, qui risque encore de se répéter dans le futur, devrait servir de leçon au Parti. (…)

 

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site de Asialyst dont nous vous recommandons la consultation ici.

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