Comprendre l’Indochine par les livres. Apprendre ces menues différences entre les peuples et les régions, par la lecture d’ouvrages qui, à l’époque coloniale, ne s’embarrassaient pas du «politiquement correct» d’aujourd’hui. Notre ami libraire François Doré est un explorateur des pages anciennes, un anthropologue des écrivains oubliés. Des explorations précieuses car elles disent l’Âme Indochinoise. Gavroche est sa maison. «Aventure amoureuse en baie d’Along» est un exemple de ces livres permettant de mieux découvrir l’Asie du sud-est dans les années d’après guerre. Est-ce un roman, est-ce une histoire vécue ? Bien difficile de répondre, mais l’époque à laquelle se passe cette aventure est intéressante : l’Indochine de 1948.

Une chronique de François Doré, Librairie du Siam et des colonies

En août 1945, Ho Chi Minh a proclamé la République à Hanoï. En mars 1946, les troupes françaises débarquent à Haiphong et réoccupent Hanoï un mois plus tard. Puis c’est l’échec de la conférence de Fontainebleau. Les attentats se multiplient et en novembre 1946, 300 français meurent dans les émeutes de Hanoï. C’est le début d’une guerre qui durera huit ans. Christian Verrière est tout à la fois auteur et héros de ce livre introuvable, édité à compte d’auteur en 1973.

Né au début du siècle dernier dans les monts du Morvan, le jeune Verrière passe son certificat d’études. Le dénuement dans lequel se trouve sa famille l’oblige à renoncer à poursuivre ses études. Après un service militaire dans la Royale, il entre dans la Marine marchande. C’est ainsi qu’il va découvrir le monde, l’Indochine, le Tonkin et les mystérieux rochers de la baie d’Along qui lui inspireront son Aventure amoureuse. Héros cette fois-ci du roman, Christian Verrière débarque à Saïgon en janvier 1948. Après un long congé en France, il vient reprendre ses fonctions d’ingénieur auprès d’une société pétrolière américaine et doit rejoindre le Tonkin pour une nouvelle affectation. Si la Cochinchine semble pacifiée, par contre dans le nord, la guerre continue. L’insécurité règne et la nuit appartient aux maquisards en chemises noires. Haiphong reste un îlot d’une précaire sécurité.

Verrière y est chargé des travaux de reconstruction des installations pétrolières de sa société.

Un matin, alors qu’il se présente à l’entrée du chantier, son assistant accourt, affolé : les deux gardiens viennent d’être découverts, égorgés. Il se précipite vers la berge du canal auprès des corps suppliciés. A ce moment là, quatre hommes en chemises noires surgissent des roseaux, les Viêt ! Ligoté et bâillonné l’ingénieur est jeté au fond d’un sampan. C’est le début d’une longue marche qui va l’emmener à travers le plat pays des rizières du Delta, vers le nord. Quelques jours plus tard, le groupe rejoint un village de paillotes où flotte le drapeau vietminh ; au loin, le panorama grandiose des rochers fantasmagoriques de la baie d’Along. Un mois plus tard, en fin d’après midi, il voit deux jeunes filles s’approcher sur le chemin de terre qui mène à sa cabane. Il les dévisage, et stupéfaction ! L’une d’elle est Ling, la fille du couple qu’il employait comme serviteurs quand il habitait Saïgon : « Je la contemplai, bouche bée, le souffle coupé, le regard fixe ». Le jeune couple découvrira la passion et leurs torrides rencontres se dérouleront devant le panorama sublime des rochers de la baie. Un jour, Ling confie à Vessières que sa vie est en danger. Elle décide de l’aider à s’évader. La belle aventure se terminera, mais d’une manière totalement inattendue sur les bords de la somptueuse baie…

Ce livre est disponible à la librairie du Siam et des Colonies.

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