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VIETNAM – HISTOIRE : Champa : le royaume irréductible

Journaliste : Xavier Galland
La source : Gavroche
Date de publication : 11/04/2024
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Temple période Champa

 

Avec cette chronique issues de nos archives, Xavier Galland, auteur du « Que Sais-je ? » n°1095, « Histoire de la Thaïlande », revient de façon plus détaillée sur le Champa, l’un des royaumes d’Asie du Sud-Est antérieur à l’arrivée des thaïs dans la péninsule indochinoise.

 

Au cours des siècles, le territoire de l’actuel Vietnam vit s’affronter principalement deux puissances: le Nam Viêt (puis Đại Viêt) et le Champa. Les Chams, éponyme du Champa, sont de langue malayo-polynésienne et appartiendraient au même groupe que les Indonésiens qui partirent vers l’Insulinde et le Pacifique. L’État du Lin-yi, qu’ils créèrent autour de Hué (vers 192 ap. J.-C. selon les textes chinois), constitua le premier noyau d’un royaume qui s’étendit vite vers le sud entre la mer et la cordillère annamitique et dont la capitale se déplaça plusieurs fois au cours des siècles. Le nom Champa n’apparaît officiellement pour la première fois qu’au début du VIIe siècle.

 

Au cours du IIIe siècle, un premier conflit met aux prises le Champa et son voisin du Nord, marquant ainsi le type de relations qu’ils auront tout au long de leur histoire. De fait, plusieurs rois successifs tentent très tôt de se débarrasser de la suzeraineté que la Chine voudrait leur imposer, et si certains y parviennent plutôt bien, d’autres sont contraints de restituer des territoires disputés, dont le fertile Je-Nan (Annam du Nord). Si l’influence indienne se fait sentir de bonne heure, le bouddhisme, quant à lui, ne fait son apparition qu’au IVe siècle.

 

Loin de se limiter à un simple problème de volonté hégémonique et politique sur un territoire, ces conflits se doublaient d’un élément culturel puisque, on vient de le dire, le Champa était indianisé alors que le Nord était, pour sa part, fortement sinisé. En effet, se contentant de la supériorité que lui conférait sa suzeraineté, la Chine ne se souciait pas d’introduire sa civilisation au Champa et c’est de l’Inde des Pallava (Mavalipuram) que venaient les influences étrangères. C’est d’ailleurs cette situation qui faisait dire à George Cœdès : « Ces représentants du groupe linguistique indonésien [les Chams] reçurent-ils la civilisation indienne directement par la mer, ou par l’intermédiaire de voisins terrestres, occidentaux ou méridionaux, déjà indianisés ? (…) Ce qui est important, c’est que, (…) assimilée par les Chams, dont le pays compartimenté se prêtait mal à la constitution d’un État fort et centralisé, cette civilisation a cependant résisté pendant des siècles à la pression de la civilisation sino-vietnamienne. »

 

Le Ve siècle est de fait marqué par plusieurs conflits avec la Chine qui témoignent de la montée en puissance du Champa. Profitant de l’anarchie qui suivit la chute de la dynastie chinoise des Tsin, ce dernier est tour à tour attaquant et vainqueur, puis attaqué et vaincu. Il doit alors subir des représailles dont le sac de sa capitale (dans la région de Hué), pillée en 446.

 

Un siècle plus tard, en 530, la Chine s’assure de la vassalité du Champa qui envoie une ambassade à l’empereur en 534, mais la suzeraineté chinoise est, comme toujours, mal acceptée et, au début du VIIe siècle, l’Empire du milieu doit mettre à sac la capitale, Indrapura, afin de restaurer son autorité sur le royaume.

 

Du VIème au Xème siècle, le Champa contrôle le commerce des épices et de la soie.

 

Du VIIe au Xe siècle, le Champa contrôle le commerce des épices et de la soie entre la Chine, l’Inde, les îles indonésiennes et l’empire abbasside de Bagdad. De fait, le royaume prospère pendant plusieurs siècles grâce à son commerce maritime et à sa flotte de guerre, ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs d’augmenter ses revenus par l’exportation de l’ivoire et de l’aloès et la pratique plus prosaïque de la piraterie.

 

A partir du IXe siècle, le Champa est pris entre deux feux : vers le Nord, le Dại Viêt qui, au cours de la seconde moitié du Xe siècle oblige les Chams à reculer leur capitale vers le Sud ; vers l’Ouest, l’empire khmer qui monte de plus en plus en puissance et qui, par deux fois, occupe le Champa au cours du XIIe siècle. En réaction à cette occupation, le Champa mettra Angkor à sac en 1177. Dans l’intervalle, la thalassocratie du Srivijaya – centrée sur Palembang, dans le Sud de Sumatra – s’est développée et a installé des comptoirs sur les côtes indochinoises. Face à l’avancée mongole du XIIIe siècle, le Dại Viêt et le Champa s’allieront pour une courte durée – ils repousseront les Mongols tout en se reconnaissant vassaux de la Chine – après laquelle les hostilités entre les deux pays reprendront.

 

Mais petit à petit, le Champa s’effrite et les miettes qui en restent sont finalement absorbées par le Vietnam en 1832.

 

Xavier Galland

 

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