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THAÏLANDE – BELGIQUE: L’adieu de Jacques Bekaert à l’ancien ambassadeur belge Patrick Nothomb

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 06/04/2020
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Notre collaborateur Jacques Bekaert vient de perdre un ami proche, qui était aussi un ami de la Thaïlande et de l’Asie du sud-est. Patrick Nothomb était le père de la romancière belge Amelie Nothomb. Il vient de disparaître. Son éloge est aussi le souvenir d’une époque révolue. Une ode à une Asie qui disparaît lentement mais sûrement…

 

Un hommage de Jacques Bekaert

 

Je me souviens que lorsque paru le premier roman d’Amelie Nothomb, et que Bernard Pivot en fit l’éloge, l’un des auteurs présents remarqua qu’une jeune fille de 19 ans ne pouvait avoir écrit «l’Hygiène de l’Assassin». «C’est manifestement l’œuvre d’un écrivain chevronne», expliqua Pivot

 

Je savais bien qui était Amélie, que j’avais connu toute jeune, quand son père était ambassadeur de Belgique en Thaïlande. Elle, sa sœur Juliette (qui aujourd’hui écrit des livres de cuisine, et des ouvrages pour enfants, ainsi que le fils, André, aujourd’hui co-responsable de Solvay pour l’Asie du Sud Est, et basé à Bangkok).

 

Patrick était non seulement l’un de mes meilleurs et plus vieux amis, mais aussi un complice incomparable, à New York, ou il appartenait a la mission belge auprès des Nations Unies, à Bruxelles ou il fut au Ministère des Affaires Étrangères, directeur d’Asie, puis en comme ambassadeur en Thaïlande, et au Japon ou il servit pendant neuf ans

 

Car il avait l’Asie au cœur.

 

Né en 1936, petit fils de l’écrivain Pierre Nothomb et neveu de Pierre Nothomb, pilote, membre du parti Communiste Belge et engagé volontaire dans les brigades Internationales en Espagne, on ne s’étonnera pas de son goût pour l’aventure.

 

Car Patrick fut tout sauf un diplomate de salon. Sa carrière au Congo ex-belge, comme Consul Général à Kisangani, où il fut l’otage des “Simbas”, ces rebelles d’une armée “populaire”. Il négocia habilement avec eux pour protéger la communauté étrangère, et aussi des locaux. Ils furent libérés par l’opération Dragon Rouge, menée par des Parachutistes Belges. Son livre “Dans Stanleyville”, paru en 1993, chez Duculot, est passionnant et révèle des qualités d’écrivain, une caractéristique de la famille Nothomb.

 

En Thaïlande

 

Arrivé en Thaïlande, début 1985, il décida de visiter toutes les provinces du royaume. “Je suis ambassadeur en Thaïlande, pas à Bangkok” disait-il à ceux qui s’étonnait de ce zèle, possible à une époque ou les ambassades n’étaient pas assaillies de courriels électroniques. Et la plupart du temps, il me demandait de l’accompagner. Ce qui contribua à renforcer la rumeur qu’en fait j’étais le représentant des services secrets belges. Dont j’ignorais l’existence…..

 

Sa faim d’aventure, son envie tout voir, de rencontrer le plus de gens possible, n’avait d’égal que sa faim tout court. Patrick était perpétuellement affamé. “Je meurs de faim” aurait pu être sa devise. Lors de repas entre amis, celui des convives qui traînait risquait de voir Patrick plonger sa fourchette dans son assiette, en lui disant: «je vois que tu n’as pas très faim».

 

Sa fille Amélie a écrit un beau livre plein d’affectueuse ironie sur son appétit gargantuesque: Biographie de la faim.

 

Conscience professionnelle

 

Mais sa conscience professionnelle le disputait à sa faim:

 

Au cours de voyages diplomatiques dans les pays d’Asie, ou souvent je l’accompagnais, il insistait pour d’abord écrire à la main son rapport qu’il envoyait ensuite à son propre bureau de Directeur d’Asie à Bruxelles.

 

Le travail terminé, il claironnait : Je meurs de faim et nous partions en quête de nourritures terrestres.

 

Au Japon, il arrivait avec quelques avantages en poche: il parlait japonais, il héritait d’une ambassade et d’une résidence avec un grand jardin d’où on apercevait le palais impérial. Y être invité à dîner y était considéré à Tokyo comme un grand privilège. Il appris aussi à chanter le No, la forme populaire de théâtre classique.

 

Une fois à la retraite, il devint conseiller bénévole du gouverneur de la province belge de Luxembourg et à ce titre fit encore quelques voyages à l’étranger.

 

Grace à la présence à Bangkok de son fils André, il revint deux fois en Thaïlande. A chaque fois il vint dîner chez moi, hommage aux talents culinaires de ma servante Nee – mot injuste pour celle qui depuis plus de 35 ans, engagé en 1984 par mon épouse, est la maebaan, la “mère de la maison”. Patrick rendit du reste visite à sa famille à Rajburi où nous avions nagé dans le Klong paisible qui coulait paresseusement en face de leur maison de bois.

 

Un jour nous nous retrouverons, pour déguster la manne céleste.

 

Adieux ? Non, vu mon âge, plutôt à bientôt. Pour, à coup sûr, m’entendre dire : il était temps, je meurs de faim !

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