Nous aimons, à Gavroche, publier des articles qui font réfléchir et nourrissent le débat et la réflexion. Nous vous citons pour cela régulièrement les excellentes contributions du site Asialyst dont nous vous recommandons ici chaudement la lecture: asialyst.com. Asialyst compte dans son équipe de commentateurs d’excellents spécialistes de l’Asie du sud-est. L’économiste Jean Raphaël Chaponnière en fait partie. Voici des extraits de son dernier texte.
Nous reproduisons ici des extraits d’une analyse de Jean Raphaël Chaponnière publiée par Asialyst dont nous vous recommandons la lecture
40 millions d’emploi menacés : en Asie du Sud-Est, le tourisme s’effondre sous le poids du Covid-19. Mais pour l’industrie, l’impact de l’épidémie est plus difficile à cerner. Plusieurs pays n’ont pas encore publié de statistiques couvrant les deux premiers mois de 2020. L’analyse des données disponibles révèle parfois des surprises dans le secteur de l’électronique. Dans le cas de l’habillement, principal employeur de plusieurs pays, la conjoncture est par contre dramatique.
Tourisme, la catastrophe
Aéroports vides, plages désertes, avenues sans voiture : autant d’images que corroborent les statistiques. Les touristes ont déserté l’Asie du Sud-Est qui avait attiré 150 millions de touristes en 2019, dont 20 % de Chinois. Leurs entrées avaient été multipliées par sept depuis 2009 ; la progression avait été spectaculaire en Thaïlande et au Vietnam, où les ressortissants chinois représentaient respectivement 28 % et 32 % des entrées en 2019.
Le tourisme a même été la première victime de la pandémie. Les entrées se sont effondrées en Thaïlande : – 63 % entre le 1er janvier et le 10 mars 2020, par rapport à la même période en 2019. Dans le pays, les villages du Club Med (dont l’actionnaire principal est le groupe chinois Fosun) avaient fait le plein des réservations à l’approche des vacances chinoises. Au Cambodge, les entrées ont chuté de 18 % en janvier et 58 % en février – et celles de Chinois se sont écroulées. La baisse a atteint 22 % au Vietnam et 15 % à Bali, où le nombre de touristes chinois a dégringolé en février (-96 %). Le 31 mars, le président indonésien a déclaré l’état d’urgence sanitaire et l’arrêt des entrées dans l’archipel.
Cependant, les arrivées, les nuitées et les ressources en devises ne suffisent pas à rendre compte de l’impact du tourisme sur une économie. En effet, si on peut cerner les contours de la production agricole ou de la production automobile, le tourisme ne se réduit pas à l’activité des hôtels ou des restaurants : un touriste « consomme » des services de transport (avion, location de voitures…), il achète des produits, loue une chambre, visite des musées… C’est pourquoi l’OCDE a développé ses « Comptes satellites du tourisme » qui traitent cette activité comme une branche en partant non pas de l’offre, mais de la demande.
Le tourisme joue un rôle considérable pour l’emploi : d’après le World Trade and Tourism Council (WTTC), sa contribution atteignait 31 % au Cambodge, 26 % aux Philippines, 16 % en Thaïlande – au lieu de 3 % en Corée. Or la pandémie actuelle a un impact considérable sur la situation de l’emploi de plusieurs pays. Celle-ci passée, il est probable que l’on ne revienne pas à la situation d’avant la crise. Selon leur nature, les nouvelles mesures qui seront adoptées (carnet de vaccination ou test) pourraient bien freiner les voyages à l’étranger – de même que les attentats avaient conduit à l’adoption de mesures de sécurité.
La chute du tourisme affectera également les balances des paiements courants des pays d’Asie du Sud-Est. Les revenus en devises du secteur avaient augmenté de 85 % entre 2009 et 2019 pour atteindre 220 milliards de dollars, soit sept fois les exportations de l’industrie automobile mais moins que l’électronique (380 milliards de dollars) selon les Nations Unies.
Production industrielle
La production industrielle regroupe les mines, la construction et le secteur manufacturier – la dernière étant la plus importante. Mesurée par rapport à l’année 2019, la production industrielle a diminué de 4,7 % en janvier au Japon. En revanche, après une légère baisse au mois de janvier, celle-ci a augmenté de 20 % en février à Taïwan. En Corée du Sud, elle a perdu 3 % sur les deux premiers mois de l’année. À Singapour, selon l’Economic Development Board, la baisse s’est élevée à 12 % en février après une hausse de 9 % en janvier. En Chine enfin, le confinement de plusieurs grandes agglomérations a provoqué une contraction de 13,5 % de la production industrielle en janvier-février 2020.
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