Gavroche aime recommander d’autres sources d’informations et de débat. Nous l’avons souvent écrit: notre objectif est de relayer au mieux la diversité des infos et analyses disponibles sur l’Asie du sud-est en particulier et sur l’Asie en général. Nous vous recommandons donc aujourd’hui chaudement l’excellent podcast, Le Nouvel Esprit Public de Philippe Meyer, vétéran de France Inter et de France Culture. Au menu: la Chine et le déconfinement en France. A écouter et à relayer !
A quoi ressemble vraiment la Chine à l’heure du coronavirus, que nous réserve t’elle ? Et coté français, à quoi va ressembler le déconfinement à venir, quand il viendra ? Toutes ces questions sont abordées dans le podcast Le Nouvel Esprit Public de Philippe Meyer. En voici un avant goût. Écoute recommandée.
L’introduction de Philippe Meyer
Selon les chiffres officiels, le Covid-19 a fait 2.567 morts en Chine, dans la capitale de la province de Hubei, épicentre de l’épidémie, soit cinq fois moins qu’en Italie. Un bilan jugé bien en dessous de la réalité selon Radio Free Asia (RFA), qui avance le chiffre de 42 000 morts en se fondant sur des estimations du nombre d’urnes délivrées par les sept crématoriums de la ville. Cette polémique est une bombe à retardement pour le régime, à l’heure où il vante à sa population, et aux chancelleries du monde entier sa gestion « efficace » de l’épidémie, avec la bénédiction de l’Organisation Mondiale de la Santé. Le décalage entre les chiffres officiels chinois, et le nombre de morts en Europe, notamment en Italie interroge jusque chez les dirigeants occidentaux. Craignant une nouvelle vague d’épidémie, la Chine a annoncé coup sur coup le 26 mars, deux mesures spectaculaires pour bloquer le nombre de cas importés : la forte réduction des vols internationaux dès le 29 mars, et la fermeture « provisoire » de ses frontières aux ressortissants étrangers le 28 mars à minuit.
De Milan à Téhéran
De Milan à Téhéran, en passant par l’Afrique, les bataillons de blouses blanches chinoises volent au secours des populations menacées par le Covid-19. Quelques semaines après l’explosion de l’épidémie à Wuhan, au cœur de la Chine, la seconde économie mondiale rebondit sur le front sanitaire, devenant pourvoyeuse d’aide dans plus de 80 pays, à grand renfort de propagande. Trois cents personnels médicaux en Italie, un laboratoire de dépistage en Irak, un million de masques envoyés vers la France, ou des kits de tests en direction des Philippines. Sans compter 20 millions de dollars d’aide à l’OMS, et de nouveaux subsides en direction de l’Union africaine.
Deux milliards de masques
La France a passé commande de près de deux milliards de masques à la Chine, a indiqué le 7 avril le ministre de la Santé Olivier Véran. Des masques qui seront livrés par toute une série de vols d’ici la fin juin, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. A l’Élysée, on tient à souligner la réciprocité qui a existé entre Européens et Chinois, pour rejeter toute idée de sauvetage du Vieux Continent par Pékin. On rappelle qu’à la fin janvier, le gouvernement chinois avait sollicité l’aide de la Commission européenne, qui avait envoyé 56 tonnes de matériel sanitaire, notamment des combinaisons de protection, du désinfectant et des masques chirurgicaux. Aucune publicité n’avait alors été faite sur ce sujet, pour ne pas embarrasser la Chine.
La réciproque n’est guère vraie.
Le président chinois, Xi Jinping a évoqué, lors d’une conversation avec le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, le 16 mars, un nouveau concept de son projet d’investissements baptisé les « routes de la soie », en lui adjoignant une épithète : les « routes de la soie de la santé ». Toutefois, au bout de la route de la santé, les Pays-Bas, l’Espagne, la Finlande ou la République tchèque ont mis en cause la qualité de certaines livraisons de matériel médical d’origine chinois.
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