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PHANG NGA – REPORTAGE : Croisière évasion à bord d’une jonque en bois

Journaliste : Malto C.
La source : Gavroche
Date de publication : 16/04/2020
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Nos archives nous propose aujourd’hui une navigation à bord d’un voilier, sans aucun doute, la meilleure façon d’explorer la baie de Phang Nga, au sud de la Thaïlande. Figés depuis des millénaires au milieu d’une mer émeraude, les pics de calcaire qui surgissent de la surface de l’eau en font l’un des plus beaux sites maritimes au monde.

 

Sam, le capitaine thaïlandais du Suwan Macha, vient de couper le moteur au même moment, le bruit sourd de la chaîne qui déroule l’ancre laisse place à un grand silence.

 

Il est 16 heures et les averses de mousson qui n’ont pas cessé depuis notre départ de Phuket semblent vouloir marquer une pause. Nous en profitons pour mettre les kayaks à l’eau et partir explorer les lagons de Koh Hong, une formation rocheuse aux pics abrupts recouverts de végétation, inaccessible par bateau.

 

A cette heure, les touristes en excursion sont déjà repartis. Nous pénétrons dans les deux chambres successives du lagon intérieur par un interstice taillé dans la roche. Des parois vertigineuses, sur lesquelles des arbres semblent suspendus dans le vide par on ne sait quel miracle de la nature, forment un trou de lumière qui éclaire de reflets étranges la surface d’une eau trouble couleur de jade. Seul le cri saccadé d’un oiseau vient troubler un silence pesant.

 

Nous osons à peine effleurer la surface de l’eau, de peur peut-être de réveiller une créature marine peu accueillante… et ressortons sans trop tarder !

 

Un plaisancier est venu jeter l’ancre près du bateau. Des enfants barbotent dans les eaux chaudes à côté du voilier. Quel sentiment de liberté peuvent-ils éprouver ? La silhouette du Suwan Macha en impose, même si sa taille, 18 mètres, ne le classe pas dans la catégorie poids lourd. Conçue à l’origine pour naviguer sur le Chao Praya, à Bangkok, cette jonque traditionnelle à moteur a été équipée de deux mats supportant des voiles « chinoises » sur le même modèle que les jonques de la baie de Victoria à Hong Kong. Cinq cabines-couchettes permettent d’embarquer une petite dizaine de passagers (voir encadré bleu en bas de page).

 

Il est à peine 6h30 quand nous retrouvons les autres passagers sur le pont pour un petit déjeuner copieux. Cette première nuit a pourtant été longue, car on prend vite le rythme du soleil sur un bateau où les distractions ne sont pas très nombreuses… Des moments mis à profit pour dévorer un livre que l’on n’a jamais eu le temps d’ouvrir !

 

Difficile pour autant de prolonger son sommeil. Sur une jonque en bois, le moindre mouvement d’un passager ou d’un membre de l’équipage provoque des craquements imprévisibles qui s’entendent dans les cabines.

 

Une légère brise traverse le pont. Le soleil a du mal à percer dans un ciel chargé de nuages bas. Mais il ne pleut pas et le plongeon dans la mer servira de réveil matinal ! Une fois le petit déjeuner avalé, le capitaine profite d’un souffle pour appareiller et déployer les voiles. Nous parcourons quelques milles nautiques à faible allure avant de rejoindre le village lacustre de Panyee où vit une communauté de pêcheurs musulmans originaires d’Indonésie.

 

Le lieu, inscrit dans les circuits touristiques, est très fréquenté pendant la journée. Un dédale de boutiques de souvenirs et restaurants de poissons sont les principales attractions de ce village sur pilotis adossé à un pic rocheux et qui s’étend sur la mer, à l’entrée du parc national marin d’Ao Phang Nga.

 

Site géologique majeur de Thaïlande, ses pics de calcaire aux lagons et grottes multiples qui s’étendent sur toute la baie sont le résultat de bouleversements géologiques et climatiques datant de la fin du Pléistocène et de l’ère glaciaire (de 11 000 à 2700 ans). Un héritage naturel d’une grande beauté où les paléontologues ont découvert des traces de présence humaine remontant à environ 10 000 ans, même si on ne connaît que très peu de choses sur le mode de vie de l’époque, en dehors de rares peintures rupestres découvertes dans des grottes et quelques fragments d’outils retrouvés ici et là. Le site concentre également la plus grande réserve naturelle de mangrove restante du royaume, berceau d’une faune abondante.
Gold Finger…

 

Si la France a son Mont St Michel, la Thaïlande a son île de James Bond… Ce bout de rocher qui semble suspendu au-dessus de l’eau est sûrement le plus photographié au monde, et le plus visité ! Les long tails, ces barques de pêcheurs propulsées par un moteur de camion flanqué d’un grand arbre d’hélice (d’où le sobriquet anglais de « longue queue ») débarquent leurs flots de passagers dans un bruit assourdissant. Pour ne rien perdre de ce cadeau en or, les autorités ont même autorisé la construction de cases sur le bout de plage où se vendent toutes sortes de babioles « Made in James Bond Island »…

 

Nous nous éloignons sans plus tarder de cette grande mascarade.

 

Cap sur la baie de Krabi, à 30 milles nautiques. Deux heures suffisent pour rejoindre le prochain spot de baignade. Poser les pieds sur le sable que nous rejoignons à la nage fait disparaître rapidement la sensation de nausée provoquée par une mer agitée et le tangage du bateau.

 

A quelques mètres du bord, se dresse un champ de coraux et sa myriade de pensionnaires colorés, visibles avec un simple masque de plongée. Koh Hong, Chicken Island, Mosquito Island, Bamboo Island…, les baignades dans les eaux coralliennes de la baie ne manquent pas.

 

A notre retour, un repas de poissons nous attend sur le pont. Dans sa minuscule cuisine, le chef matelot fait des merveilles ! Il est 16 heures lorsque nous rejoignons notre bouée d’ancrage au large de Railay Est, cette bande de sable péninsulaire flanquée entre deux pains de sucre qu’on ne peut atteindre que par bateau au départ d’ao Nang, la principale plage de la baie de Krabi. Railay, connue de tous les varappeurs de la planète pour ses spots d’escalade surplombant une mer émeraude, offre aussi l’un des plus beaux couchers de soleil du royaume, à admirer sans modération, un cocktail ou une bière fraîche dans la main.

 

Après un massage bienfaiteur, nous regagnons la jonque pour une deuxième nuit sous les étoiles?

 

Le lendemain, nous consacrons la matinée à ce qui se fait certainement de mieux dans ce bas monde, le farniente ponctué de baignades, avant de mettre le cap sur Phi Phi Island, l’incontournable perle d’Andaman où a été tourné le film The Beach avec Leonardo Di Caprio et Virginie Ledoyen.

 

Sam le capitaine nous prévient que la forte houle ne nous permettra pas d’approcher Maya Bay et nous allons jeter l’ancre dans la baie protégée de Ton Say, là où chaque jour les ferries venus de Phuket débarquent les visiteurs.

 

D’aucuns reconnaissables à leur sticker « groupe » ne resteront que le temps d’une demi-journée, d’autres iront rejoindre les hôtels disséminés un peu partout sur l’île.

 

Seuls des panneaux bleus indiquant les routes d’évacuation rappellent le tsunami meurtrier qui a dévasté Koh Phi Phi en 2004. le village, depuis reconstruit, ressemble aujourd’hui à un Chatuchak version plage, où l’enchevêtrement de ruelles laisse à peine entrevoir le bleu du ciel.

 

Mais contrairement au marché du week-end de Bangkok, toutes les issues ne débouchent pas sur des rues embouteillées, mais sur un lagon aux accents de Paradis…

 

Fréquentée dans sa partie animée par de jeunes voyageurs venus des quatre coins du globe apprécier la beauté du site autant que l’animation des bars, la bande de sable étroite semble avoir du mal à contenir son succès.

 

Nous préférons regagner la tranquillité du Suwan Macha pour cette dernière soirée où une surprise nous attend.

 

L’équipage a fixé un barbecue suspendu à tribord où cuisent crabes, gambas et poissons. au loin, dans le feu des lumières de la baie, Phi Phi a revêtu ses habits de nuit. Allongés sur le pont avant, bercés par le clapotis du bateau, nous restons un long moment silencieux, la tête dans les étoiles…

 

Malto C.

 

Et quand les vents tourneront…

 

Jonque en bois à voile de tradition orientale provenant d’un chantier naval de Bangkok, le Suwan Macha propose des croisières dans la baie de Phang Gna, Krabi et Phi Phi de 3 nuits et 4 jours. Avec cinq cabines, il peut accommoder de 8 à 10 personnes maximum et trois membres d’équipage. Attention, malgré un certain confort, ne vous attendez pas toutefois à des cabines spacieuses, le bateau ne faisant que 14 mètres de long. la cabine de douche est partagée et la jonque n’est bien sûr pas équipée de climatiseurs…

 

Vous naviguerez avec tout le plaisir et les inconvénients réunis de la croisière de plaisance. Trois repas par jour vous sont servis à bord. Kayaks, masques et tubas sont fournis. Si vous ne pouvez vous passer de votre tablette ou de votre ordinateur, vous pourrez les recharger à bord !

 

La meilleure période pour naviguer se situe entre novembre et février, lorsque la mer est d’huile et le ciel bleu azur. Le June Bahtra, une autre jonque opérée par Asian Oasis , tour opérateur spécialisé dans l’éco-tourisme en Thaïlande, propose des croisières à la journée.

 

(M.C. – Gavroche)

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