Selon les statistiques des hôpitaux gérés par la Bangkok Metropolitan Administration (BMA), 1 295 patients atteints de dengue ont été enregistrés du 1er janvier au 30 avril 2020. Avec l’arrivée de la saison des pluies, nous publions à nouveau cet article d’information sur cette maladie virale transmise à l’homme par des moustiques.
L’arrivée des pluies sous les tropiques est bénéfique à bien des égards, mais apporte aussi son lot d’éléments néfastes, comme la multiplication des moustiques et ainsi la résurgence du nombre de cas de dengue. Endémique avec flambées épidémiques entre mai et octobre, cette maladie virale progresse inévitablement avec l’urbanisation accélérée des villes du continent asiatique.
En effet, le moustique vecteur, Aedes Egypti, ou moustique « tigre », bien reconnaissable par les stries blanches sur ses pattes, est parfaitement adapté à notre environnement urbain et affectionne plus particulièrement les intérieurs de maison où il trouve protection et nourriture auprès de son hôte de prédilection, l’homme.
La dengue peut entraîner aucun symptôme et est fort heureusement une maladie bénigne dans la majorité des cas.
Cependant, elle demeure une source de préoccupation importante pour les expatriés en Asie du Sud-Est, car elle peut conduire à des complications hémorragiques mortelles et les jeunes enfants en sont plus sévèrement atteints.
Chaque année, on dénombre entre 80 000 et 150 000 cas et plus d’une centaine de décès en Thaïlande. Tous les pays d’Asie du Sud-Est sont affectés dans des proportions relativement similaires.
Il existe quatre souches différentes de virus de la dengue (classées de 1 à 4). L’infestation par une souche confère une immunité à vie pour la souche contractée et seulement pendant deux années pour les autres souches.
La dengue présente une caractéristique quasi unique parmi les autres affections virales qui se traduit par une augmentation du risque d’une maladie plus sévère lors d’une deuxième infestation, en comparaison avec la première exposition au virus.
Heureusement, le risque d’une troisième voire d’une quatrième dengue est toujours possible, mais la forte production d’anticorps neutralisants survenant lors du deuxième épisode sera à l’origine de manifestions ultérieures de faible intensité. La sévérité accrue de la deuxième exposition au virus représente une contrainte sérieuse au développement du vaccin et soulève des difficultés quant aux recommandations d’utilisation de ce vaccin en termes de santé publique.
Concernant le vaccin, plusieurs éléments importants sont à retenir
– L’efficacité vaccinale varie en fonction de la souche virale de 50% (sérotypes 1 et 2) à 78% (sérotypes 3 et 4). Contre les formes sévères de dengue (celles nécessitant une hospitalisation), l’efficacité du vaccin atteint 80,3%, avec une sécurité d’emploi jugée satisfaisante par les investigateurs.
– Cette efficacité est plus faible chez les sujets les plus jeunes (34% chez les enfants de deux à cinq ans, contre 66% en moyenne chez les individus de plus de neuf ans).
– Elle est inférieure, voire inefficace chez les personnes dites « séronégatives », c’est-à-dire qui n’ont jamais été antérieurement exposées au virus. Les sujets qui ont été précédemment infectés (séropositifs), ont une bien meilleure réponse vaccinale et sont donc mieux protégés contre une nouvelle infection.
– Enfin, les enfants de moins de 9 ans, souvent séronégatifs, qui ont été vaccinés, ont surtout plus de risque de faire une dengue – et ce dès la troisième année après avoir reçu le vaccin par rapport à ceux non vaccinés. Ainsi, chez les jeunes enfants et les séronégatifs, la vaccination semble se comporter comme une première exposition silencieuse au virus et expose ces individus vaccinés à un risque accru de « dengue secondaire aux manifestations plus sévères » et ainsi d’hospitalisation.
En conséquence, le vaccin actuel est malheureusement indiqué pour les adultes et les enfants de plus de neuf ans seulement. En conséquence, l’efficacité du vaccin contre la dengue dépend de deux facteurs principaux : le premier est l’âge au moment de la vaccination et le second est l’intensité de la circulation du virus (endémicité) et donc de la proportion d’individus séropositifs qui « répondront » au vaccin.
Ces éléments imposent donc, comme toute décision vaccinale, une évaluation individuelle du ratio bénéfice-risque de cette approche préventive en sollicitant l’avis éclairé d’un médecin.
Dr. Gérard Lalande
Directeur général de CEO-HEALTH