Gavroche garde les yeux rivés sur l’actualité en Birmanie, bientôt un mois après le coup d’État du 1er février. Les dernières nouvelles obtenues par nos soins, dimanche soir 21 février, sont inquiétantes. Les voici, avec en ligne de mire la fermeture annoncée d’Internet.
Les opérateurs téléphoniques ont fait savoir à Rangoun qu’Internet sera coupé ce lundi 22 février de 1h00 à 12h00 pour toute la région, soit trois heures de plus que dans le reste du pays et ces derniers jours. Il est possible que les liaisons téléphoniques s’en voient également perturbées. Cette mesure est prise en prévision des manifestations de masse programmées pour la première journée de la semaine.
Une grève générale d’une journée est annoncée et fait écho par sa numérologie 21.2.2021 aux événements du 8.8.88.
De nombreux magasins ont décidé de baisser leurs rideaux par solidarité ou peur de représailles. Les consommateurs font leur plein d’essence en cas où. Il ne fait pas bon à se mettre en travers des actions de désobéissance civile. Des distributeurs ont fait savoir via les réseaux sociaux qu’ils se joignaient au mouvement venant amplifier la contestation sociale massive dans l’appareil d’État, parmi les jeunes mais également les entreprises privées. Les secteurs bancaires et des transports déjà très touchés par les grèves voient apparaître de nouveaux soutiens. Dans la restauration, plus personne ne paye les taxes revenant au budget de l’État. Pour conduire la journée de grève générale, un comité de coordination comprenant 25 organisations avait été constitué ce samedi. On y retrouve outre la Ligue nationale pour la démocratie, le Parti démocrate pour une nouvelle société, un comité des universités ou encore le syndicat étudiant né de la révolution de 1988 (ABSDF). Ses meneurs risquent gros. Ils risquent de payer de leur liberté leurs actions comme déjà près de 600 personnes désormais arrêtées ou incarcérées.
Soldats déployés dans les rues
Pour contrer ce qui s’annonce comme un moment fort, ce dimanche soir des soldats ont été déployés dans les rues où sont installées les représentations diplomatiques. Il est vrai qu’elles sont devenues un des théâtres majeurs de la contestation et font le buzz sur les réseaux sociaux. Devant les ambassades de Chine et de Russie, on dénonce les gouvernements soutenant le coup d’État. Devant les bureaux des Nations unies ou les ambassades des États-Unis, de France et de Grande Bretagne, on appelle la communauté internationale à l’action. Des milliers de personnes y défilent chaque jour pacifiquement. Elles brandissent les pancartes de leurs requêtes ou de leurs dénonciations. Elles effectuent des sit-in et remettent à qui veut bien les entendre des suppliques. La communauté internationale est pressée à agir et plus seulement à dénoncer la prise de pouvoir militaire du 1er février et ses modes de coercition de plus en plus violent.
En attendant ce nouveau temps fort de la contestation, la journée de dimanche n’a pas connu de violences significatives. Les obsèques de la jeune femme tuée à Nay Pyi Taw se sont déroulées dans le calme, tout comme les manifestations à Mandalay où samedi de 2 à 7 personnes ont trouvé la mort et une trentaine d’autres ont été blessées. Fait nouveau dans ce processus de contestation, les manifestations du jour dans l’Etat Kayin ont été sécurisées par des combattants des groupes insurgés ethniques de l’Armée de libération nationale karen (KNLA) et de l’un de ses groupes dissidents rival, l’Armée bouddhiste démocratique karen (DKBA).