Nouvelle escapade avec les archives de Gavroche, aujourd’hui Koh Phayam. Si la plupart des îles de Thaïlande ont sacrifié leurs charmes au profit du tourisme, il reste encore quelques lieux préservés. Koh Phayam en fait partie. Entre jungle et plages, l’île s’étend, paisible et charmeuse, au large de Ranong, dans la mer Andaman.
« Welcome to Koh Phayam Paradise », lance d’emblée Khun Archapan, un propriétaire de bungalows sur la plage de Buffalo Bay, à l’arrivée du bateau. Entre les nombreuses plages de sable blanc, la jungle, le chant des toucans, un ciel bleu et une légère brise marine, un seul village et pas de voiture. Le paradis ? C’est exactement le sentiment qui vous envahit, les pieds à peine posés sur cette île de 10 km de long et 5 de large. Un bout de terre flottant au large de Ranong, situé à 600 km au sud de Bangkok et 300 au nord de Phuket.
Il y a quelques années, seulement quelques initiés avaient entendu parler de Koh Phayam. Aujourd’hui encore, elle fait partie de ces rares îles préservées du tourisme de masse. « Koh Phayam, c’est Koh Samui il y a trente ans, même si ça commence à changer doucement », explique Gilles, un Français installé sur l’île depuis 26 ans avec son épouse Phatchara. On a ouvert notre guesthouse il y a 24 ans, la première de l’île, cinq bungalows seulement et un seul client cette année-là. continue-t-il. A l’époque, il n’y avait pas de route bétonnée, juste des sentiers. De la jetée, il fallait compter une heure de marche à travers la jungle. Un bateau par semaine seulement arrivait sur l’île. L’année d’après, on a eu deux clients, 100% d’augmentation ! Aujourd’hui, nous possédons 25 bungalows et sommes complets en décembre et janvier, principalement des habitués qui reviennent chaque année. »
Depuis cette époque, l’île a bien changé. Cinq cents personnes environ vivent sur l’île, principalement des Thaïlandais, des Birmans et des Chao Leh, les gitans de la mer. Des ferries font la navette chaque jour entre Ranong et l’île, et ce toute l’année. En haute saison, des speed boats permettent aux touristes de rejoindre ce paradis en moins de 45 minutes.
Une route bétonnée (pas toujours en bon état) a également été construite et permet de faire presque le tour de l’île. Pour le reste, de nombreux sentiers traversent Koh Phayam dans tous les sens à travers la jungle et les plantations d’hévéas et d’arbres à noix de cajou, la grande spécialité de l’île. Sur cette route, pas de voitures, on loue un scooter ou un vélo dans le village à l’arrivée du bateau. Les amateurs de VTT se régaleront, tout comme les marcheurs.
Vu la taille de l’île, rien n’est jamais très éloigné, seuls la chaleur et le côté (très) vallonné du paysage pourront vous décourager de faire trop d’exercices physiques. Heureusement, la plage n’est jamais loin non plus pour vous offrir un petit rafraîchissement. L’électricité, elle, est accessible quelques heures seulement par jour, Internet aussi, sauf dans les resorts un peu plus haut de gamme où l’électricité est disponible 24h/24. Une bonne occasion de se déconnecter les pieds dans le sable et le bruit des vagues en musique de fond.
Car que faire de mieux lorsqu’on passe quelques jours sur une île si ce n’est lézarder sur l’une des nombreuses plages ? Que ce soient de longues étendues de sable ou de petites criques, vous trouverez toujours un endroit pour poser votre serviette et sortir votre livre.
Pour les plages principales, rendez-vous à Ao Yai ou Long Beach, longue de trois kilomètres. C’est la plage la plus animée, celle où vous trouverez également le plus d’options d’hébergements et de restaurants. Une plage idéale aussi pour les amateurs de surf ou de bodyboard à certaines époques de l’année, car aussi étonnant que cela puisse paraître, les vagues sont parfaites pour ce genre d’activité.
Ao Khao Kwai, connue sous le nom de Buffalo Bay, est plus calme, moins linéaire, plus jolie, plus sauvage, un spot parfait pour profiter d’une mer paisible pour un tour en kayak ou pour faire de la plongée avec masque. Deux plages de rêve pour un cocktail au moment du coucher de soleil. Ici, pas de grosses fêtes, pas de discothèques, de bars à filles, de musique à vous faire exploser les tympans… Les amateurs de full-moon party passeront leur chemin. Quelques bars en bord de mer ou sur les hauteurs pour jouir d’une vue à couper le souffle vous permettront toutefois de casser la monotonie du séjour.
A Koh Phayam, les journées se déroulent presque toutes semblables pour tout le monde : la plage, le bungalow, le restaurant, parfois une balade à l’intérieur de l’île pour observer la faune et la flore, un tour au village pour quelques courses. Une seule route, où l’on croise et recroise toujours les mêmes personnes. D’emblée, on se sent chez soi, on se sent même privilégié de passer quelques jours dans ce coin de paradis, de l’avoir découvert maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Beaucoup ont du mal à en partir et repoussent le retour de quelques jours, quelques semaines, ou réservent déjà pour l’année suivante. « L’île est considérée comme un territoire agricole, précise Gilles, le français résident. Normalement, on ne peut pas construire où on veut. Mais on est en Thaïlande, il n’y a pas vraiment de politique de préservation du territoire. Au niveau de la plage, c’est complet, alors les gens construisent plus à l’intérieur de l’île. Il y a de plus en plus de petits commerces, de restaurants, de salons de massage, d’hôtels. Et le jour où ils installeront l’électricité, pour moi, ce sera la fin de Koh Phayam, l’île suivra le même développement que Koh Phi Phi ou d’autres », conclut-il.
Catherine Vanesse (Gavroche Thaïlande)