Le Fonds Monétaire International (FMI) vient de rendre son rapport annuel sur le Vietnam. Selon l’organisation, les trois dernières décennies de réformes axées sur le marché ont soutenu une transformation structurelle de l’agriculture en une économie moderne fondée sur l’industrie manufacturière tirée par les IDE, faisant passer le Vietnam de l’un des pays les plus pauvres du monde au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
Ces dernières années, la croissance vietnamienne a été de 7 % en moyenne, et l’accent mis sur le fait de “ne laisser personne de côté” a stimulé le niveau de vie, contribuant à des progrès notables vers les objectifs de développement durable.
L’activité économique est restée forte avec une inflation stable en 2019, alors que le taux de création de nouvelles entreprises a atteint son plus haut niveau depuis six ans. Les efforts d’assainissement budgétaire ont permis de contenir la dette publique et garantie par l’État à 43 % du PIB, bien en deçà de la limite légale de 65 %. Malgré la modération des flux commerciaux en raison des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, l’excédent de la balance courante a augmenté pour atteindre 3,8 % du PIB, grâce au net ralentissement des importations de matières premières et de biens intermédiaires, aux arrivées record de touristes et aux importants envois de fonds. La position extérieure du Vietnam en 2019 a été évaluée comme étant nettement plus forte que ne le justifient les fondamentaux en raison de caractéristiques structurelles.
Mesures décisives
Après le déclenchement de la crise COVID-19, des mesures décisives ont été prises pour limiter les retombées sanitaires et économiques. Des efforts précoces et concertés ont permis d’assouplir les restrictions liées au verrouillage et de contenir le dispositif de soutien politique associé par rapport à d’autres pays. La politique budgétaire s’est concentrée sur un soutien temporaire aux entreprises et aux ménages vulnérables, tandis que la politique monétaire a été assouplie pour maintenir des liquidités abondantes dans le système bancaire.
La croissance du PIB réel en 2020 a été de 2,9 %, soit l’une des plus élevées au monde. L’excédent de la balance courante devrait se réduire à 2,2 % en 2020, l’effondrement des recettes touristiques et la baisse des envois de fonds n’étant que partiellement compensés par la modération des importations et la diminution des paiements de revenus. Malgré certaines difficultés économiques, une forte reprise est attendue en 2021 avec la poursuite de la normalisation de l’activité intérieure et extérieure. Les politiques budgétaires et monétaires devraient rester favorables, bien que dans une moindre mesure qu’en 2020, et l’inflation devrait rester proche de l’objectif des autorités, à 4 %.
L’avis du FMI
Les administrateurs notent que la pandémie de COVID-19 a interrompu une période prolongée de forte croissance et d’amélioration du niveau de vie. Ils félicitent les autorités pour leur réponse décisive et globale à la pandémie qui, soutenue par des fondamentaux solides et des amortisseurs de politique économique, a contribué à assurer la résilience de l’économie. Les administrateurs notent que les risques pesant sur les perspectives sont orientés à la baisse et soulignent la nécessité de prendre des mesures pour limiter les séquelles permanentes et promouvoir une croissance soutenue, inclusive et plus verte.
Les administrateurs soulignent la nécessité de mesures budgétaires visant à protéger les travailleurs et les ménages vulnérables, notamment par une meilleure exécution budgétaire et un meilleur ciblage. Ils soulignent qu’une fois la reprise fermement engagée, l’ajustement budgétaire progressif devrait être axé sur la mobilisation des recettes pour aider à créer une marge de manœuvre pour les dépenses sociales et d’infrastructure prioritaires et soutenir une croissance plus verte et plus inclusive. Les administrateurs notent la nécessité de poursuivre les efforts pour améliorer les cadres de politique budgétaire afin de préserver la viabilité des finances publiques.
Les administrateurs recommandent de maintenir une orientation accommodante de la politique monétaire, tout en restant attentifs aux vulnérabilités sous-jacentes du secteur bancaire. Ils soulignent que le soutien aux entreprises viables doit être progressivement supprimé et que l’abstention réglementaire doit être normalisée. Les administrateurs soulignent que les risques financiers doivent être suivis de près et que les prêts à problèmes doivent être traités en temps utile.