Les prisons thaïlandaises comme vous ne les avez jamais vues ! Pascal P., incarcéré à la prison de haute sécurité de Klong Prem, à Bangkok, nous décrit chaque mois son quotidien. Ce mois-ci, il évoque les moeurs sexuelles des pensionnaires…
En cette fin de semaine, comme de coutume, Noi s’est chargé de trouver un lecteur MP4 et s’est débrouillé pour l’introduire dans la cellule.
Ce week-end encore, les amateurs du «porno du samedi soir» ne seront pas déçus.
Ces petits bijoux de technologie sont théoriquement interdits derrière les barreaux (tout comme les ordinateurs et téléphones portables) mais contre rémunération, les gardiens les introduisent.
Tout un chacun ici est informé de leur existence et le plus souvent les autorités ferment les yeux.
Il faut être bien maladroit ou inconscient pour se faire prendre, auquel cas la sanction prévue est légère: confiscation de l’appareil et séjour d’un à deux mois au cachot.
Donc, sitôt que les matons ont tourné le dos, les amateurs munis du précieux lecteur se rendent aux toilettes, tirent le rideau, se rincent l’œil et se masturbent.
Il faut faire vite car les suivants se pressent au portillon.
Et le défilé se poursuit jusqu’à tard dans la soirée.
Le week-end n’est en fait redouté que par les détenus ayant des problèmes de prostate.
Et ne parlons pas du malheureux atteint de dysenterie ce jour-là qui aura bien du mal à se ménager un accès à l’unique toilette de la cage…
Bien entendu, l’accès à cet appareil n’est pas gratuit.
Noi a pris quelques risques, il en est le responsable, alors chaque amateur lui verse une petite somme.
Il ne s’enrichira pas pour autant mais pourra grâce à ce «service» payer ses cigarettes.
Cet épisode n’est qu’une réponse partielle à la question «Quid de la sexualité derrière les hauts murs?».
Ici et dans la plupart des prisons de province, les katoeys (travestis) ne manquent pas de faire commerce de leurs charmes et de s’offrir quelques virées avec les autres détenus.
C’est ainsi qu’à Koh Samui, les toilettes et une cabine de douche munie de portes voyaient ces «dames» offrir fellations et plus si affinité pour quelques paquets de cigarettes. «A Pattaya, les détenus âgés de plus de 50 ans pouvaient partager leur cage avec des “ladyboys”, me confiait mon ami Manfred. C’était la fête tous les soirs.»
En dehors de «l’amour tarifié», le coup de foudre frappe parfois même en ces lieux et dans la journée, il arrive souvent de croiser deux grands gaillards, main dans la main.
La nuit, quand une envie d’uriner vous fait vous rendre aux toilettes, vous ne pouvez ignorer les couples qui s’agitent frénétiquement sous leurs couvertures.
Ici plus qu’ailleurs semble-t-il, l’homosexualité est latente.
Faute de grives… on se satisfait de merles.
Enfin, que dire des viols qui surviennent parfois?
Il s’agit dans la plupart des cas de quelques individus qui feront usage de violence pour sodomiser leurs victimes.
Et si la malheureuse proie a le courage de dénoncer ses tourmenteurs, ils seront sévèrement punis.
Mais c’est la loi du silence qui règne le plus souvent…
Quant à l’hygiène, je ne l’évoquerai pas.
Les relations sont le plus souvent non protégées et les services de santé ont assez à faire avec les tuberculeux.
Prévention du sida ou de l’hépatite sont loin d’être à l’ordre du jour.