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Chronique derrière les barreaux : Enfin libre !!!

Journaliste : Pascal P.
La source : Gavroche
Date de publication : 15/06/2019
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Les prisons thaïlandaises comme vous ne les avez jamais vues ! Pascal P., incarcéré à la prison de haute sécurité de Klong Prem, à Bangkok, nous décrit chaque mois son quotidien : un regard sans concession sur la vie carcérale au pays du sourire.

 

Non je n’ai pas retrouvé la liberté, mais pourtant ce matin, je “vole”, bondis, cours et un sourire immense aux lèvres je regagne le bâtiment.

 

C’est qu’aujourd’hui on m’a enlevé les fers.

 

Car ici, dès que vous encourez une peine importante, on vous offre de jolis et lourds bracelets de cheville reliés entre eux par une chaîne d’une soixantaine de centimètres.

 

Mon statut de farang m’a permis d’éviter le port de ces bijoux jusqu’à mon jugement.

 

Mais une fois condamné (25 ans) plus moyen d’y échapper.
Et c’est la mort dans l’âme que je suis me suis assis près de l’archaïque (mais ingénieuse) machine à « ferrer ».

 

Et c’est plus lourd de quelques kilos de ferraille rouillée que j’ai rejoint mes compagnons d’infortune.

 

Et la vie a changé, tout, marcher, se vêtir, se doucher, dormir, devient plus compliqué (je laisse le soin au lecteur de trouver comment enfiler un short avec des chaînes… c’est simple… je vous fournirai la solution le mois prochain si besoin est).

 

Adieu également les parties de football ou le jogging quotidien.

 

De nouvelles contraintes apparaissent, d’abord il faut briquer et garder propres ces bijoux (car le frottement du métal irrite les chevilles et des fers rouillés favorisent l’infection, alors on passe de longs moments à briquer, sécher les chaînes).

 

On se soucie également de la météo car par temps de pluie les chaînes s’oxydent rapidement.

 

Je n’ai en tout et pour tout dû garder ces chaînes qu’un peu plus de 2 mois max, de prison en prison (Surathani, Nakhon Si Thammarat, Bangkok), je suis devenu incollable sur le sujet.

 

Poids, taille et j’ai découvert que dans certains établissements, on assujettit les anneaux autour des chevilles à grands coups de masse.

 

Mais rassurez-vous, « le forgeron » est un expert, et à ma connaissance, la dernière cheville fracturée remonte à quelques années.

 

C’est lors de mon transfert à Bangkok que j’ai découvert que pour raison de « sécurité », on ne se contentait pas de sertir les anneaux, on les soude (mais dans ce cas on vous protège les tibias avec des journaux et du carton avant l’opération pour éviter les brûlures).

 

Comme vous pouvez l’imaginer, ces « temps forts » (sertissage, soudure) sont des moments inoubliables et un dernier frisson m’a parcouru l’échine quand ici à Klong Prem le préposé s’est excusé de devoir utiliser un burin et un marteau pour venir à bout des soudures.

 

Là encore tout s’est bien passé, mes tibias intacts, une bouteille de bétadine et du coton hydrophile à la main, je cours, je vole vers le bâtiment.

 

Je suis presque libre…

 

Il me restera à soigner les plaies occasionnées par les frottements des fers et à essayer d’éviter embrouilles et problèmes… car une des habitudes des autorités est de « ferrer » les fortes têtes.

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