La journaliste philippine, figure de l’opposition au président populiste Rodrigo Duterte, était absente lors de l’ouverture du procès en diffamation intenté par le Chef de l’Etat, le 23 juillet. Ce procès reprendra le 30 juillet. L’enjeu est majeur pour la liberté d’informer dans l’archipel asiatique.
Maria Ressa, cofondatrice de Rappler, un site Web d’actualités basé aux Philippines, a été nommée personnalité de l’année par le magazine Time.
Son procès en diffamation s’est ouvert mardi dans une affaire qu’elle-même et les défenseurs de la liberté de la presse considèrent comme une représailles du gouvernement pour les reportages critiques de son site d’information sur le président Rodrigo Duterte.
Ressa est actuellement libre sous caution et risque des années de prison si elle est reconnue coupable.
Outre l’affaire pour diffamation, Ressa et Rappler sont visés par 10 autres chefs d’accusation. … « Je ne serai pas intimidée. Nous continuons à faire notre travail. La mission du journalisme n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui aux Philippines » a tonné l’intéressée, absente de la première audience.
Le procès devrait reprendre le 30 juillet.
L’affaire est centrée sur un reportage de Rappler en 2012, portant sur les liens présumés d’un homme d’affaires avec un juge de l’époque, le plus haut tribunal du pays.
Les enquêteurs du gouvernement ont d’abord rejeté la plainte déposée par l’homme d’affaires en 2017 au sujet de l’article, mais les procureurs ont ensuite décidé de porter plainte.
Le fondement juridique de l’affaire est une « loi sur la cybercriminalité » controversée, qui vise les infractions en ligne allant du piratage et de la fraude sur Internet à la pornographie enfantine.
Ressa, qui a été arrêté deux fois cette année, fait également face à des affaires de fraude fiscale et de fraude d’entreprise, tout comme Rappler.
Duterte, qui nie être à l’origine de l’affaire, a critiqué Rappler, lui interdisant de couvrir ses événements publics et interdisant aux représentants du gouvernement de s’adresser à ses journalistes.
Reporters sans frontières a classé les Philippines 134ème sur 178 pays dans son indice annuel « World Press Freedom »