Le gouvernement birman en exil a exhorté dimanche les dirigeants de l’ASEAN à lui accorder un siège à la table des négociations de crise la semaine prochaine, et à ne pas reconnaître le régime militaire qui a pris le pouvoir lors du coup d’État de février.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, devrait participer samedi 24 avril à Jakarta à un sommet spécial de l’Asean consacré à la Birmanie, son premier voyage officiel à l’étranger depuis le putsch qui a chassé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi.
L’armée a pris des mesures pour réprimer les manifestations de masse contre son régime, tuant au moins 730 personnes selon un groupe de surveillance local.
Ne pas reconnaitre la junte
L’invitation de Min Aung Hlaing à la réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui regroupe dix pays, a suscité le mépris des militants qui ont exhorté les dirigeants étrangers à ne pas reconnaître officiellement la junte.
Moe Zaw Oo, vice-ministre des affaires étrangères du “gouvernement d’unité nationale” parallèle – formé vendredi par des législateurs évincés appartenant pour la plupart au parti de Suu Kyi, ainsi que par des politiciens issus de minorités ethniques – a déclaré que l’Asean ne leur avait pas tendu la main.
“Si l’Asean veut aider à résoudre la situation en Birmanie, elle n’arrivera à rien sans consulter et négocier avec le NUG, qui est soutenu par le peuple et jouit d’une pleine légitimité”, a-t-il déclaré au service birman de Voice of America.
“Il est important que ce conseil militaire ne soit pas reconnu. Cela doit être géré avec précaution.”
Les troubles se sont poursuivis dans tout le pays dimanche, avec des rassemblements de manifestants à Mandalay, Meiktila, Magway et Myingyan, montrant leur soutien au gouvernement d’unité nationale.
À Palaw, dans le sud du pays, les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : “Les dictateurs militaires ne doivent pas être autorisés à gouverner. La dictature sera déracinée. Soutenez le gouvernement d’unité nationale”.
Révolte à Mogok
La nuit précédente, de violents affrontements ont eu lieu à Mogok, ville centrale productrice de pierres précieuses, lorsque les forces de sécurité ont réprimé des manifestants.
Selon une vidéo vérifiée par l’AFP et filmée par un habitant, des soldats se sont accroupis dans une rue tandis que leur commandant criait qu’il voulait des “morts”.
L’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) a vérifié deux décès à Mogok.
Une grande partie du Myanmar reste soumise à un couvre-feu imposé peu après le coup d’État, de 20 heures à 4 heures du matin chaque nuit.