COVID oblige, une information est complètement passée inaperçue au Pays du Sourire et ailleurs. Il s’agit de la « Journée mondiale du cannabis » du 20 avril dernier. Cette journée était accompagnée ici de forums, exhibitions, débats (souvent en distanciel) entre autorités thaïlandaises, médecins, industriels, producteurs, public, à Bangkok et à Chiang Maï. L’enjeu est important car la Thaïlande entend devenir le « Hub » asiatique de ce futur marché florissant.
Depuis que la culture du cannabis (Ganja) médical a été autorisée il y a deux ans, -sous certaines conditions bien sûr-, c’est la ruée vers « l’or vert ». Consommé en Thaïlande sous toutes ses formes, médicaments, aliments, boissons, huiles essentielles, etc., et utilisé dans les hôpitaux, sa culture est fortement encouragée par le Gouvernement.
Banques et autorités financent de nombreux projets qui intéressent l’agro-industrie. Sur les marchés locaux, les fleurs séchées valent 40 000 bahts le kg, et fraîches, 20 000 bahts. Sa culture est très rentable : 150 000 bahts par raï (1600 m2) de revenus contre 23 000 bahts pour le tabac. La Banque Kasikorn évalue à 7,2 milliards de bahts (fourchette haute) le montant de ce que va rapporter le marché légal de la marijuana en 2021. Bien sûr, la consommation de cannabis récréatif à forte teneur en THC (tétrahydrocannabinol) est toujours prohibée.
Michel Hermann, s’est penché sur le sujet et vous en livre la version poétique dans sa nouvelle chronique : « Cannabis médical : la ruée vers l’or vert ». Bonne lecture donc.
Entre deux bananiers, je contemple, ébahi,
Mes plants de cannabis, dont les feuilles nervées,
Au bout de leurs tiges, se courbent sous la pluie,
Intense et bruyante, des tropiques déchaînées.
Vive le cannabis ! L’essence du bien-être,
Qui nourrit, soigne et apaise les tensions,
Et qui, s’inspirant des traditions des ancêtres,
Fait ici l’objet de toutes les attentions.
Hélas, avec la COVID, la célébration,
Le vingt avril dernier, de la « Journée Mondiale
Du Cannabis », attendue avec dévotion,
S’est faite discrète, feutrée et cordiale.
Forums à Chiang Maï, exhibitions à Bangkok,
Le pays voyait grand. Mais la triste pandémie
A réduit les ambitions ; peu de colloques,
Restrictions, couvre-feu, débats en catimini…
Et pourtant, dans le pays, il est glorifié.
On le boit, on le goûte de mille manières :
Gâteaux, plats gourmands, boissons, crèmes de beauté,
Médicaments. La Thaïlande veut être la première
Sur ce marché prometteur. La marijuana
Médicale, « Ganja » aux milles mérites,
A un beau devenir. Le « cannabis sativa »
Faible en cannabinoïde s’invite
Dans la vie, l’industrie, chez les agriculteurs.
Sa culture, autorisée depuis deux ans,
Devrait faire, dans le futur, le bonheur
Du tourisme médical et des restaurants.
Massages aux huiles essentielles de cannabis,
Traitement de la sclérose en plaques, nausées,
Épilepsie, vomissements : les bénéfices
D’un grand business universel sont assurés.
Foires et marchés se multiplient dans le pays,
Présentant variétés, techniques et dérivés
Du cannabis, qui remplacent, c’est inédit,
Dans certains villages, l’élevage de criquets,
De vers à soie, de la canne à sucre et du riz.
Des villages de l’Est, proches de Buri Ram,
Promu la « Ville du Ganja », cité bénie,
Se lancent dans de très rentables programmes
De production et distribution intégrées.
Ainsi, fermes, coopératives, hôpitaux,
Financés par les banques et les autorités,
Se lancent sur ce marché aux horizons nouveaux.
Pays du Sourire, premier exportateur
De cannabis médical, en feuilles séchées
Ou fraîches : on s’y emploie ici avec ferveur.
Le rêve deviendra un jour réalité…
Michel Hermann