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BIRMANIE – FRANCE: La position de Total mise en cause dans «Le Monde»

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 29/04/2021
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L’éditorial récent de Gavroche sur la responsabilité du géant pétrolier français Total en Birmanie avait fait réagir de nombreux lecteurs. Dans une tribune publiée par Le Monde le 22 avril, l’économiste birmane Htwe Htwe Thein (université de Berlin) estime que l’entreprise «nie la volonté démocratique du peuple birman». Extraits.

 

Nous reproduisons ici des extraits d’un article d’opinion publié le 22 avril par Le Monde, dont nous vous recommandons la lecture

 

La Birmanie est aujourd’hui au cœur de l’attention mondiale. Pas seulement à cause du coup d’État militaire qui a renversé un gouvernement démocratiquement élu, mais aussi en raison du courage de ses citoyens, qui continuent de réclamer le rétablissement de leurs libertés malgré les violences qu’ils subissent. Et l’attention se tourne à présent vers les entreprises internationales implantées dans le pays.

 

Tribune du 4 avril

 

Dans une tribune publiée le 4 avril dans Le Journal du dimanche, le président-directeur général du groupe Total, Patrick Pouyanné, a expliqué que l’entreprise ne suspendrait pas sa production de gaz en Birmanie, et qu’elle paierait bien l’ensemble des impôts et des taxes dus à l’Etat birman. Cette annonce a provoqué déception et colère parmi les citoyens, conscients que les revenus provenant de la production de gaz fournissent à la junte militaire une source économique vitale.

 

Patrick Pouyanné reconnaît, à juste titre, l’urgence de la « crise » qui sévit en Birmanie. Mais sa réponse est insuffisante et intéressée. Le statu quo qu’il défend ne tient compte que des intérêts de Total, aucunement de la souffrance de la population birmane, et traduit un mépris envers les parlementaires légitimement et démocratiquement élus.

 

Différents arguments

 

Le PDG de Total avance différents arguments au sujet des « dilemmes » du groupe « en matière de droits humains ». Le premier porte sur la question de savoir si Total doit continuer de payer ses impôts et taxes à un État désormais sous contrôle de la junte militaire. Il tente de justifier la décision prise de ne pas arrêter les paiements en expliquant que ne pas payer ses impôts et taxes est « un crime selon le droit local », et que cela « exposerait les responsables de [la] filiale au risque d’être arrêtés et emprisonnés».

 

Or, cette formulation implique que l’armée a un droit légitime à gouverner, à imposer les sociétés, et que, en quelque manière, les règles de droit s’appliquent au régime actuel. Rien n’est moins vrai.

 

Désobéissance civile

 

D’après le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme en Birmanie [Tom Andrews], les projets gaziers représentent près d’un milliard de dollars de recettes annuelles, et « la junte militaire illégalement au pouvoir en Birmanie pourra utiliser ces ressources pour financer son entreprise criminelle et les attaques qu’elle inflige à une population innocente ».

 

Le rapporteur spécial ainsi que plus de quatre cents organisations de la société civile birmane ont demandé que l’ensemble des revenus gaziers serve à des fins humanitaires, et que ces derniers soient versés sur un compte bloqué jusqu’à ce que le gouvernement démocratiquement élu soit rétabli.

 

Parlementaires destitués

 

Mais, surtout, les parlementaires destitués ont formé un gouvernement en exil (CRPH, sigle, en anglais, de Committee Representing Pyidaungsu Hluttaw ou « Comité représentant l’Assemblée de l’Union »). Et, le 5 mars, ils ont demandé à Total de suspendre le versement des taxes et de transférer ces fonds sur un compte bloqué. Par sa position, le groupe Total reconnaît donc tacitement au régime militaire une légitimité et nie la volonté démocratique du peuple birman.

 

Patrick Pouyanné évoque également le risque encouru par ses salariés d’être arrêtés, emprisonnés, et même soumis au « travail forcé » si Total devait suspendre ses versements ou sa production de gaz. Il est juste que Total s’inquiète de la sécurité et du bien-être des centaines d’employés qui travaillent pour le groupe en Birmanie. Mais, si l’entreprise croit sincèrement que ses salariés risquent des détentions arbitraires ou le travail forcé sous un régime militaire, elle devrait se préoccuper de leur sécurité et du respect de leurs droits en toutes circonstances, que Total suspende ou non sa production gazière.

 

La suite à lire sur le site lemonde.fr

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