Nous avons attendu, dans Gavroche, pour aborder le sujet des récentes actualités sur l’opposition thaïlandaise en exil. Trois nouvelles sont en effet tombées ces derniers jours et nous tenions à avoir des confirmations avant d’en parler. La première ? Le cri d’alarme du professeur Pavin Chachavalpongpun, universitaire de 48 ans basé à Kyoto (Japon) qui affirme avoir été victime d’une attaque criminelle commanditée par le gouvernement de Bangkok, ce que le premier ministre Prayuth a démenti tardivement. La seconde ? L’octroi d’un passeport serbe à l’ancienne premier ministre Yinluck Shinawatra, condamnée à 5 ans de prison pour détournements de fonds publics et en fuite à l’étranger depuis 2017. La troisième ? L’accueil en France du groupe musical Faiyen, qui a atterri à Paris cette semaine provenance du Laos en vue d’y obtenir le statut de réfugié politique.
Trois nouvelles, trois destins politiques, trois aspects de l’opposition thaïlandaise en exil. Voici où nous en sommes ce samedi 10 août du coté des adversaires les plus véhéments de l’actuel gouvernement thaïlandais toujours contrôlé par les militaires.
– L’universitaire basé à Kyoto (Japon) Pavin Chachavalpongpuna refusé d’accepter le démenti formel du premier ministre Prayuth Chan-Ocha sur l’éventuelle implication du gouvernement dans l’attaque présumée au gaz dont il dit avoir été victime au mois de juillet vers 4 heures du matin à son domicile japonais. Selon Pavin, très suivi sur les médias sociaux et connu pour ses critiques virulentes envers la monarchie, un criminel s’est glissé dans sa maison et l’a aspergé de gaz, lui causant des brulures. Le général Prayuth, toujours premier ministre après les élections de mars 2014, a repoussé toute accusation d’implication de ses services dans cette affaire, allant même jusqu’à souhaiter «un bon rétablissement» à l’universitaire. Le démenti ne veut évidemment rien dire, car ces affaires sont gérées par des officines clandestines. Mais qui croire ? La pression, en tout cas, se resserre sur Pavin dont l’une des cibles favorites demeure l’actuel souverain Rama X.
– L’ex premier ministre Yinluck Shinawatraa pour sa part reçu un passeport serbe cette semaine. Son frère, le milliardaire et ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, est lui citoyen du Monténégro. La famille se balkanise donc au sens propre. Combien ce passeport a couté à la famille Shinawatra ? Quels investissements en échange ? Il faut comprendre l’intérêt d’un passeport serbe. La Serbie, bien que n’étant pas dans l’union européenne, bénéficie d’exemptions de visa pour l’espace Schengen pour des séjours limités. Elle bénéficie aussi de la «protection» de la Russie. Elle est voisine de la Grèce où la Chine investit en masse et se trouve naturellement sur le chemin des nouvelles routes de la soie chinoise. Pour tous ces acteurs, le message est clair: la famille Shinawatra peut toujours être utile…
– Troisième information sur le front de l’opposition:le groupe musical folk Faiyen, connu pour ses refrains anti-junte militaire, a atterri cette semaine à Paris en provenance du Laos pour y demander le statut de réfugié politique déjà octroyé par la France à plusieurs opposants thaïlandais en exil dont l’ex commissaire aux droits de l’homme de l’ère Thaksin, Jaran Ditapichai, devenu citoyen français. L’ambassade de Thaïlande à Paris s’est aussitôt mobilisée, sollicitant plusieurs contacts pour en savoir plus. Une campagne de soutien #SaveFaiyen avait été lancée en 2014 lorsque les militaires avaient pris le pouvoir par la force à Bangkok. Le groupe musical a bénéficié d’un réseau d’appui à l’étranger pour organiser son départ vers l’Europe. Mais ses membres ont, à notre connaissance, voyagé avec leurs passeports Thaïlandais qui ne leur ont pas été retirés.
Regardez ici la vidéo d’une de leurs chansons