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THAÏLANDE – CHRONIQUE : « Sukhothaï : une mère ordinaire »

Journaliste : Michel Hermann
La source : Gavroche
Date de publication : 15/06/2024
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 jeune thailandaise

 

Loin des bruits de la cité et des turbulences politiques ici et ailleurs, je vous propose une chronique rafraîchissante dans cette ambiance tourmentée…

 

En Thaïlande, on croise en ville, à la plage, à la campagne, de nombreuses femmes aux charmes certains, indépendantes et libres. Qui sont-elles ? De quoi vivent-elles ? Ce ne sont ni des filles de bars ni des travailleuses sexuelles, mais simplement des mères de famille qui vivent librement leur vie. Il y en a pléthore à Sukhothai. En voici un bel exemple … (Alexandrins, neuf strophes, rimes croisées).

 

Il n’y a rien à faire, on ne s’en lasse pas.
Sa peau est douce comme une fesse de nonne.
D’un blanc laiteux, ses seins taquins et délicats
Sont immaculés, comme ceux d’une madone.

 

Elle a usé deux maris et plusieurs amants,
Étrangers et thaïs, pris des sous sans état d’âme,
Et élève seule son fils de quatorze ans.
Sa bouche a la saveur des fruits de la campagne.

 

Elle a trente-six ans, un cœur décomplexé,
« Fait ce qui lui plait », car elle est belle à son âge.
Et « aime celui qui l’aime », comme l’écrivait
Jacques Prévert, mais pas les drôles de passage.

 

Elle aurait pu exister dans un autre ailleurs,
A Bangkok, aux Amériques, en Australie.
Elle a suivi maris, galants, admirateurs,
Mais déçue, elle a toujours regagné son nid.

 

Car Sukhothaï c’est sa famille, ses amis,
Ses ancêtres et ses racines. Aucun démon
Ne la fera changer : ni argent, ni folie,
Ni luxe, ni promesses : ici, c’est son poumon.

 

Cette Vénus callipyge au corps généreux,
Bonne mère, bonne amie, et redoutable amante
Qui a tout connu, gloire et avenir douteux,
A choisi le calme d’une cité dormante.

 

Elle a quelques rentes et des petits boulots,
Se lève tard et traîne souvent dans les bars
Pour se saouler avec des inconnus barjots,
Et finir dans un lit sans vraiment le vouloir.

 

Elle élève dix-sept chiens et quatorze chats,
Dont une jolie chatte siamoise, qui ronronne
Lorsque je caresse son ventre de mes doigts
Câlins. Elle se couche, miaule et s’abandonne.

 

Ces mères ordinaires, libres et décomplexées,
Hantent les villes et fleurissent les campagnes
Au Pays du Sourire. La mienne est douée,
Et lascive, devient pour un soir ma compagne.

 

Michel Hermann

 

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2 Commentaires

  1. Elle jouait avec sa chatte,
    Et c’était merveille de voir
    La main blanche et la patte noire
    S’ébattre dans l’ombre du soir.
    ……
    Elle cachait – la scélérate ! –
    Sous ces mitaines de fil noir
    Ses meurtriers ongles d’agate,
    Coupants et clairs comme un rasoir;
    ……
    L’autre aussi faisait la sucrée
    Et rentrait sa griffe acérée,
    Mais le diable n’y perdait rien …
    Et dans le boudoir ou, sonore,
    Tintait son rire aérien
    Brillaient quatre points de phosphore
    …..
    Poèmes saturniens, Paul Verlaine, Lemerre, 1866
    …..
    G Brassens et sa chanson ” Colombine” adaptée des “Fêtes galantes” (1869) : Tout le monde va / Rit , chante / Et danse devant une frêle enfant / Méchante / Dont les yeux pervers / Comme les yeux verts / Des chattes / Gardent ses appas / Et disent / “A bas les pattes !” / L’implacable enfant / Preste et relevant / Ses jupes / la roseau chapeau / Conduit son troupeau / De dupes !

  2. Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
    retiens les griffes de ta patte
    Et laisse -moi plonger dans tes beaux yeux,
    Mêlés de métal et d’agate.
    …….
    Lorsque mes doigts carressent à loisir
    Ta tête et ton dos élastique,
    Et que ma main s’énivre du plaisir
    De palper ton corps électrique,
    …..
    Je vois ma femme,en esprit.Son regard,
    Comme le tiens, aimable bête,
    Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
    ……
    Et, des pieds jusques à la tête,
    Un air subtile, un dangereux parfum
    Nagent autour de son corps brun.
    …..
    Le Chat, Les Fleurs du Mal, ,1841.

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