Des dizaines de milliers d’Indonésiens, en particuliers d’étudiants, battent le pavé depuis lundi en Indonésie pour protester contre un projet de loi soupçonné de vouloir affaiblir l’agence nationale de lutte contre la corruption ou KPK. Cette institution est considérée comme centrale pour le respect de l’Etat de droit dans l’immense archipel, mais les opposants au président Djoko Widodo y voient au contraire un obstacle.
La défense du KPK, l’agence nationale anti-corruption, fait recette en Indonésie où la police anti-émeutes a du intervenir mardi pour disperser des dizaines de milliers de manifestants désireux d’empêcher le démantèlement de cette institution connue pour avoir souvent incriminé des politiciens véreux.
À Makassar, capitale de l’île de Célèbes, les manifestations ont dégénéré en affrontements . Les députés indonésiens ont également commencé à débattre mardi d’une série de révisions drastiques du code pénal dont le président Djoko Widodo a demandé le report, ce qui a été accepté. Ces révisions, qui attendront donc la prochaine session du parlement, prévoient entre autres des peines de prison pour les relations sexuelles hors mariage ou entre personnes du même sexe.
L’opposition islamiste est soupçonnée de vouloir utiliser ces dispositions du code pénal pour accroître son emprise sur la société. La révision du code pénal, qui date de l’époque coloniale néerlandaise, est en discussions depuis plusieurs décennies. Elle avait déjà été repoussée l’an dernier. Les efforts des groupes musulmans conservateurs pour durcir le code pénal sur les aspects de morale sexuelle ont été vivement critiqués par les défenseurs des droits et de nombreux citoyens de ce pays de 260 millions d’habitants.