« Tante Weng, l’ancêtre bien-aimée… », grand-tante de mon épouse P’Tan, dont on avait fêté à Chiang Raï (Nord de la Thaïlande) les 98 ans en 2019, est décédée le 7 avril dernier à l’âge de 101 ans. Cet anniversaire, relaté dans une Chronique, avait fait l’objet d’une fête en présence de la famille venue des quatre coins de la Thaïlande. Étant en France pour raison médicale, je n’ai pu assister aux funérailles de Tante Weng à Chiang Raï.
Les funérailles d’un proche, d’un ami, d’un notable ou d’une personne d’influence (député, ministre, militaire, policier, homme d’affaire, actrice/acteur, etc.), durent plusieurs jours. Elles font partie intégrante de la vie quotidienne au Pays du Sourire et servent souvent de marqueur social.
Je vous propose, à la place, de vous faire revivre la cérémonie d’anniversaire de l’ancêtre, déjà publiée dans Gavroche.
Bonne lecture donc.
Comme elle était radieuse, l’ancêtre aux cheveux blancs.
De sa chaise roulante, quatre-vingt-dix-huit ans
D’une vie sans histoire, observaient l’assemblée
Réunie pour elle ici, comme chaque année.
Tante Weng, rayonnante, riait comme un enfant.
Dans son sarong en soie et son chemisier blanc,
Elle semblait si fragile et solide à la fois,
Bonifiée par le temps et les peines parfois.
La maison de Chiang Raï, parée à cet effet,
Était à la fête. La famille au complet,
Certains venus de loin, saisissaient l’occasion
D’échanger derniers potins et informations.
La veille, le dîner s’était terminé tard.
Bières et vins avaient coulé à flots, histoire
D’honorer la longévité de la grand-tante,
Qui resta jusqu’au bout, contre toute attente.
Car malgré son grand âge, la douairière joyeuse
Gardait l’œil vif et espiègle, toujours curieuse
De tout, mémoire intacte et esprit agile
Que ne contrariait pas une santé fragile.
Le matin, venus tôt dans leur mini-van blanc,
Les neuf bonzes, vêtus de robes couleur safran,
Avaient fait leur travail : prières et rituels
Bouddhistes pour ce pèlerinage annuel.
Ayant fait le plein d’eau bénite déversée
A foison sur nos têtes, un autre buffet
Nous attendait après le départ des officiants,
Moins copieux celui-là, mais tout aussi plaisant.
Tous étaient heureux de se retrouver ici,
Comme chaque fois, où chaleur et harmonie
Semblaient prolonger la destinée de l’aïeule,
Intarissable causeuse dans son fauteuil.
Puis on s’en est allé, cœur et ventre comblés,
Chacun chez soi, l’esprit ailleurs mais enchantés.
L’année prochaine, bien sûr, on remettra ça
Pour Tante Weng, quatre-vingt-dix-neuf ans, déjà…
Michel Hermann
Bonjour
Magnifique reportage et poème de Michel Hermann que je suis avec assiduité !
Martine Delesalle