Pour la sixième année consécutive et sa septième édition, le Festival du film international « MEMORY ! » prend ses quartiers à Rangoun. Depuis le 15 novembre et jusqu’au 24 novembre 2019, dans les salles obscures ou dans des parcs publics soixante films seront projetés. Pour atteindre le plus large public possible, 18 films seront même sous-titrés intégralement en langue birmane. Une première ! Ils n’étaient que trois lors de l’édition 2018.
Pas de doute possible: le Festival « Memory ! » a trouvé sa place sur la scène culturelle birmane. Une place de choix d’ailleurs. Ce festival est aujourd’hui la plus ancienne manifestation cinématographique en Birmanie et celle qui se déroule sur le laps de temps le plus long. Il est même tout à fait unique en Asie. Il ouvre les yeux des spectateurs birmans sur un cinéma mondialisé mais aussi sur la filmographie sud-est asiatique. A l’honneur cette année, l’œuvre du philippin Lino Brocka (1939 – 1991).
On y retrouvera également des personnalités d’origine vietnamienne tels le réalisateur Tran Anh Hung ou l’actrice Tran Nu Yen Khe. Les réalisateurs ou acteurs birmans seront aussi tout aussi célébrés, des jeunes (ex. Moe Myat May Zarchi, Aung Phyoe, Okkar Maung) ou plus ancien (U Kyi Soe Tun). Derrière cette liste de noms plus prestigieux les uns que les autres se cache une programmation cohérente et intelligente conduite par deux passionnés français : Séverine Wemaere et Gilles Duval à la tête de la Cinema Memory Association.
Un fil conducteur
Comme chaque année, le Festival 2019 a un fil conducteur. Il célébrera à partir de cette semaine le « Vivre ensemble ! ». Un sujet tout aussi sensible politiquement en Birmanie que ceux choisis lors des éditions antérieures : la censure en 2017 ou la presse et la démocratie en 2018. Pour illustrer le thème retenu, 15 films français ont été retenus, réalisés entre 1963 (Jean-Luc Godard : Le mépris) et 2019 (Eléa Gobbé-Mévellec : Les hirondelles de Kaboul). En haut de l’affiche, Isabelle Huppert sera la co-marraine de l’édition avec l’actrice birmane Daw Grace Swe Zin Htaik. Neuf de ses films ont été sélectionnés dont le long métrage de Claude Chabrol « La Cérémonie » qui a été diffusé lors de la cérémonie vendredi 15 novembre au cinéma Waziya de Rangoun.
5 à 8 films par jour
A raison de 5 à 8 films par jour, c’est plus de 30 000 personnes qui comme l’année dernière auront le plaisir de voir gratuitement des réalisations de leur patrimoine des années 70 à aujourd’hui, mais aussi des films d’Asie-Pacifique (Australie, Chine, Corée, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Vietnam), d’Europe (Allemagne, Danemark, France, Israël, Royaume Uni, Russie) et des Amériques (Cuba, États-Unis).
Pour les enfants, les familles iront voir le film de Michel Ocelot (Kirikou et la sorcière) ; les amateurs de marionnettes, eux, trois films tchèque, britannique et nippon. A côté de cette très riche et éclectique programmation, les professionnels de l’industrie du cinéma trouveront aussi leur compte. Pour la 4ème année consécutive, un atelier de la création sera organisé pour les producteurs qui développent leur premier ou deuxième projet cinéma. Le jury sera présidé par Claude Mouriéras le directeur de l’école cinéma CinéFabrique qui a permis pour la première fois en 2019 à un jeune cinéaste birman de participer au festival de Cannes.
A un an du centième anniversaire du cinéma birman (octobre 2020), le Festival « Memory ! » réussit le tour de force de plaire à tous, à conjuguer valorisation du patrimoine, échanges politico-culturels, construction commerciale et promotion des valeurs démocratiques. Un tour de force qui par bonheur se répète avec succès depuis 2014 ! Pour plus d’information : www.memoryfilmfestival.org
François Guilbert
