Ce sera pour la fin 2020, début 2021. Une grande exposition à Paris, à l’Institut du monde arabe, retracera la formidable épopée des routes de la soie. L’implication de l’IMA, présidé par l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, vole la vedette au musée national des arts asiatiques Guimet. Mais la raison est louable: l’exposition focalisera sur les échanges, le commerce, et la place du monde arabe dans ce labyrinthe de routes à travers l’Europe, l’Eurasie et l’Orient. L’universitaire britannique Peter Frankopan, auteur des «Routes de la soie» (Editions Nevicata) est l’un des membres du comité scientifique.
L’exposition retracera les échanges et les influences réciproques entre la Chine, l’Occident et le monde arabe. Les routes de la soie, aussi bien terrestres que maritimes, ont favorisé les échanges de la soie qu’on retrouve en Grèce et à Rome dès l’Antiquité, mais aussi de pierres précieuses comme le jade ou le lapis-lazuli, des épices, des chevaux. Elles favorisent le développement de formes d’art nouvelles comme l’influence de la sculpture hellénistique sur les formes du bouddhisme. Elles ouvrent à l’Europe les grandes découvertes chinoises comme le papier, le moulin à vent, l’étrier (sans lequel il n’y aurait pas eu de chevalerie en Europe).
L’exposition commencera par le mythe d’Alexandre le grand (mort en 323) qui conduira son armée jusqu’aux confins de l’Indus. Elle se poursuivra par l’expédition de l’empereur Han Wudi (156 – 81).
Bagdad, centre du monde
Au développement du Christianisme prenant la forme du Nestorisme, répond au 8ème siècle celui de l’Islam qui se répand jusqu’aux confins de la Chine. Bagdad devient alors centre du monde. Au 13ème siècle, après les conquêtes de Gengis Khan, régnera la Pax mongolica.
C’est alors et pour la première fois que la route continentale sera parcourue dans sa totalité. C’est le temps de l’empereur Koulibai Khan qui fonde la dynastie des Yuans et celui des grands voyageurs comme Marco Polo, Ibn Battuta ou Rabban bar Sauma, évêque nestorien né à Pékin, reçu à Rome par le Pape, puis à Paris par Philippe le Bel avant de rentrer mourir à Bagdad. Les routes de la soie atteignent leur apogée vers 1500. S’ouvrira alors la voie des grands commerçants portugais et européens ouvrant un nouveau chapitre qui ne sera pas traité dans l’exposition.
Elle racontera en définitive l’histoire de l’Eurasie de 330 avant JC jusqu’à la découverte de la route du sud de l’Afrique par Vasco de Gama : 1800 ans d’une véritable histoire du monde. Elle réunira des chefs d’œuvre des musées chinois, européens, du monde arabe et d’Asie centrale.
Peter Frankopan, universitaire britannique, professeur à Oxford, sera l’un des membres du comité scientifique. Nous vous recommandons chaudement son livre, essentiel pour comprendre l’Asie.
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