Le président philippin Rodrigo Duterte a limogé le 24 novembre la vice-présidente Leni Robredo de son poste de coprésident du comité anti-drogue du gouvernement. Pour Amnesty International, cela prouve que «chaque semaine, la campagne meurtrière contre l’administration pauvre de l’administration Duterte se fissure de plus en plus. En quelques semaines à peine, le vice-président Robredo a pu confronter le gouvernement à l’ampleur stupéfiante de ses propres crimes. C’est pourquoi elle a été limogée»

Selon les organisations de défense des droits de l’homme, ce limogeage est la preuve d’un désaccord croissant entre la vice-présidente (élue également au suffrage universel) et l’actuel chef de l’État.

«Le vice-président Robredo a essayé de sauver des vies et elle a fait entendre la voix des braves Philippins du pays qui s’opposent à cette politique meurtrière affirme Amnesty International. Il est absurde que le gouvernement l’accuse de ne pas avoir accouché dans moins de trois semaines. Trois ans après son entrée en fonction, le président Duterte a lui-même admis que le problème de la drogue ne faisait que s’aggraver. Chaque jour, la pression augmente pour une nouvelle politique en matière de drogue basée sur la santé et les droits de l’homme»

Contexte

Le 24 novembre, la vice-présidente, Leni Robredo, a été limogée de son rôle de coprésidente du Comité inter-institutions sur les drogues illicites (CISD), qu’elle avait siégé aux côtés du chef de l’Agence philippine de lutte contre la drogue (PDEA).

Elle avait été nommée le 6 novembre. Dans les semaines où elle a occupé ce poste, elle a exigé la transparence et l’accès aux documents et aux rapports de renseignement. Elle a également appelé le gouvernement à s’attaquer à la politique de listes de surveillance pour les abus de drogues et a recommandé l’adoption d’une approche basée sur la santé.

Exécutions extrajudiciaires

La vice-présidente Robredo, critique de longue date de la «guerre contre la drogue», a récemment réitéré son point de vue selon lequel la campagne aurait échoué, le président Duterte ayant publiquement lancé le défi de lui prendre la «guerre contre la drogue».

Des milliers de personnes ont été tuées dans une vague de violence sanctionnée par l’État depuis le début de la présidence du président Duterte en 2016, dont beaucoup sont des exécutions extrajudiciaires.