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THAÏLANDE – TOURISME: Gavroche vous emmène sur… l’île de Koh Si Chang

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 06/12/2019
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Toujours nos archives. Toujours cette soif de découvrir et de vous faire découvrir tous les recoins du royaume. Y compris à une centaine de kilomètres de Bangkok ! Vous aimez enchaîner la tournée des boîtes après celle des plages ? Vous n’envisagez pas votre soirée sans un cocktail sophistiqué dans une ambiance lounge et climatisée ? Passez votre chemin, la modeste Koh Sichang risque de vous ennuyer. Si en revanche, vous recherchez un dépaysement moins frelaté, l’île s’impose comme une destination de choix pour une escapade de quelques jours. Voici quelques bonnes raisons.

 

Un reportage d’Elodie Masse pour Gavroche Mensuel

 

1. Koh Sichang, c’est la porte à côté, pour les résidents de Bangkok du moins. A 3h30 de la gare routière d’Ekamai, elle coiffe largement Koh Samet au poteau de « l’île la plus proche de la capitale » : 1h30 de bus (climatisé) pour Si Racha, quelques minutes de tuk-tuk pour se faire convoyer au port, et ¾ d’heure de bateau plus tard, vous voilà au petit Tha Laang Pier, avant-poste du village situé juste derrière.

 

2. Car non, Koh Sichang, ne se résume pas à une côte bardée de resorts (ce n’est d’ailleurs absolument pas le cas, la topographie très abrupte de la côte ne se prêtant guère aux opérations immobilières), et l’île ne semble pas (trop) souffrir de tourismo-dépendance. D’ailleurs, une fois passé le classique comité d’accueil des bataillons de tuk-tuk insulaire (SKYLAB) vous hélant de leur non moins classique « Where are you go ? », vous verrez : les sollicitations se font très rares. Et le village abrite encore, dans ses ruelles les plus étroites, une communauté de pêcheurs peu concernés par votre présence.

 

3. Les calmars de Koh Sichang sont particulièrement réputés, mais laissez également une chance aux crabes, suffisamment goûteux pour résister au mariage avec le curry jaune sans y perdre leur identité, ainsi qu’aux bars, eux aussi plutôt subtilement cuisinés. Où les déguster ? Peu importe, les prix ne varient guère d’un endroit à un autre, et partout ils brillent par leur modération. Au village, les restaurants avec terrasse sur pilotis donnant sur la mer (première à droite en sortant du port) constituent une bonne option. Plus élégant – et finalement pas beaucoup plus cher en ce qui concerne la nourriture – le délicieux restaurant de Pan & David, à la sortie du village en direction de l’ancien palais, permet d’arroser son poisson du verre de vin approprié, issu d’une sélection soignée. A moins que vous ne préfériez rejoindre la – toute relative – foule de l’autre côté de l’île pour déguster vos fruits de mer grillés sur la plage.

 

4. Oui, « la » plage : il n’y en a qu’une sur l’île, la jolie Hat Tham Phang, d’où le léger « effet entonnoir » susmentionné ; très prisée en fin d’après-midi, elle concentre et mélange dans une ambiance bon enfant étudiants hilares après leurs exploits en « jet-canot pneumatique », couples in a romantic mood et familles de baigneurs. Tout ce petit monde trouve à s’installer dans les chaises longues suffisamment nombreuses des deux établissements de la plage, et l’atmosphère se fait contemplative lorsque le soleil lance ses derniers feux avant de disparaître dans la mer en embrasant le ciel d’un spectaculaire dégradé de fushias. Si vous souhaitez assister à ce spectacle dans un cadre plus intime, la terrasse des Sripitsanu Bungalows, plus au nord sur la côte Ouest, constitue également une bonne option (et comporte une petite plage en bas des marches, accessible seulement à marée basse cependant).

 

5. L’attrait de Koh Sichang ne se cantonne pas à ses activités balnéaires ; elle offre même un nombre de lieux de visite remarquable compte tenu de sa petite taille. Le joyau en est certainement le parc de l’ancien palais, écrin originel de la résidence royale Vimanmek avant son déplacement au parc Dusit de Bangkok en 1900. On retrouve dans l’aménagement de ce parc l’influence européenne qui présidait aux choix architecturaux du roi Chulalongkorn (Rama V) : succession de terrasses, de balustrades en pierre et de bassins artificiels, le tout ménageant des vues superbes sur la mer.

 

6. Plus au nord de l’île, impossible de manquer – dans tous les sens du terme – l’immense temple chinois, masse rouge à flanc de colline qui attire l’œil du visiteur dès son arrivée. Au prix de la montée d’une volée de marches, on y découvre des grottes creusées dans la roche et abritant des statues de personnages quelque peu mystérieux (tel ce singe à béret de capitaine), objets d’une vénération fervente. On y observe sans trop les comprendre des rites surprenants, consistant par exemple à faire exploser des séries de pétards ou à faire rédiger sur des bandes de papier rouge des messages qui viendront s’ajouter aux milliers qui tapissent déjà les parois de la grotte. L’ensemble de ces scènes baignant dans une esthétique nettement différente de celle des temples thaïlandais, le dépaysement est assuré… de même que le souffle coupé si vous choisissez de poursuivre l’ascension de la côte en direction de l’empreinte de Bouddha, heureusement également accessible par la route.

 

7. Le réseau routier justement constitue un atout majeur de l’île, et une différence de taille avec Koh Samet : intégralement bétonné, peu engorgé – attention toutefois au ballet compliqué des skylab aux points clés tels que la plage précédemment citée –, il se prête parfaitement à la découverte de l’île en mobylette.

 

Concurrente de Koh Samet

 

Mais Koh Sichang a-t-elle autant de charme que Koh Samet ? Oui, même si ce charme est très différent car nécessairement non (con)centré sur les plages. Contrairement à beaucoup d’îles, Koh Sichang n’oppose pas un bord de mer paradisiaque à un intérieur que les touristes préféreraient ne pas voir, et auquel, de fait, ils tournent généralement le dos.

 

La variété des paysages y est saisissante, rappelant tantôt les contrastes tout méditerranéens entre la mer et une falaise abrupte ou un éboulis rocheux qui vient à sa rencontre, tantôt d’ondoyantes prairies d’alpage ! Surtout, on y trouve ce qui manque tant à Bangkok : des parcs paysagés, à disposition de tous puisque parfaitement gratuits, qui permettent de se poser à l’ombre d’un sala perché sur la falaise et de savourer un bon livre, le parfum des frangipaniers omniprésents, ou tout simplement le temps qui passe, face à un paysage marin époustouflant, même si à cent lieues du cliché habituel thaïlandais.

 

Eh oui, il faut garder à l’esprit qu’on est dans le nord du Golfe de Thaïlande, qui plus est au large de Si Racha, principale plate-forme de redistribution des marchandises destinées à remonter le cours du fleuve. Si les centaines de bateaux à grue dont le noir et la rouille trouent le bleu de la mer incommoderont certains et leur donneront l’impression de gâcher leurs photos, d’autres apprécieront cette touche industrielle qui confère au paysage son originalité et, à l’image de toute l’île, son aimable étrangeté.

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