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THAÏLANDE – TOURISME: Sri Wan Chai, l’Isan dont vous avez toujours rêvé

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 13/12/2019
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Embarquez dans les pas de Gavroche à travers toutes les Thaïlande ! Notre petit bonhomme féru d’aventures vous conduit chaque semaine, grâce à ses archives, dans tous les recoins de la Thaïlande. Pas une province du royaume ne nous échappera. Gavroche, c’est la fenêtre ouverte sur les pans méconnus du pays. La preuve aussi, que chaque voyageur a, en lui, l’âme d’un reporter. Racontez-nous à votre tour vos expéditions et vos périples !

 

Ce reportage est tiré des archives de notre mensuel Gavroche

 

La province de l’Isan commence aux portes de Bangkok, à peine à une centaine de kilomètres plus au nord. Cet immense territoire qui conserve une profonde identité culturelle et linguistique est le plus vaste du royaume ; le plus densément peuplé aussi. Grenier à riz de la Thaïlande, cette terre recèle un long héritage de traditions paysannes depuis la nuit des temps.

 

Situé à l’est d’Udon Thani, le site archéologique de Ban Chiang rappelle aux visiteurs qu’il s’agit de l’une des premières sociétés agricoles de la Préhistoire (1495 av. J-C). La partie sud de l’Isan passa plus tard sous influence khmère. Ainsi, les racines culturelles de cette région blottie au nord-est du royaume remontent-elles à un passé fort lointain.

 

Ban Chiang a d’ailleurs été l’un des premiers sites thaïlandais classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Le puissant Mékong lui sert de frontière avec le Laos, au nord et à l’est, alors que la chaîne montagneuse méridionale la sépare du Cambodge. Quelques grandes capitales régionales étayent son territoire : Korat, Buriram, Surin, Ubon Ratchatami, Konkaen, Loei, Udon Thani, Sakon Nakhon…

 

Communauté paysanne

 

La petite communauté paysanne de Sri Wan Chai se situe dans la grande plaine agricole au sud Mékong, entre Udon Thani (une centaine de kilomètres à l’ouest) et Sakon Nakhon (une soixantaine de kilomètres à l’est). Les deux bourgs les plus proches sont chacun à une vingtaine de kilomètres. Ce village d’environ un millier d’habitants n’offre aucun intérêt touristique majeur. En ces mois d’hivernage, le paysage est d’ailleurs d’une sécheresse désolante. Les champs jaunis par le soleil et les pistes de latérite rouge rappellent davantage un paysage africain. Aucun canal d’irrigation ne vient palier cette aridité saisonnière, mais l’eau n’en est pas absente pour autant, en témoigne le grand réservoir du barrage de Nam Un, au sud de Phang Khon.

 

Un isolement relatif

 

Sri Wan Chai reste un peu en marge du progrès. Le village ne possède pas d’antenne médicale, l’hôpital le plus proche se situant à Wanon Niwat, à une vingtaine de kilomètres. Seuls une clinique et un poste de police se trouvent sur la route principale, à deux kilomètres du village. Quelques petits commerces sont présents, dont l’un fait office d’un semblant de pharmacie. La télévision ne semble guère attirer l’intérêt d’une population paysanne dont l’activité quotidienne suit le rythme du soleil.

 

On se lève à la nuit avant le lever du jour et l’on se couche souvent après le repas du soir. Seuls les travaux agricoles ponctuent la rude vie de cette communauté paysanne. Décembre et janvier sont des mois froids où la température peu descendre à 10ºC la nuit. Certes, dans la journée, il peut faire jusqu’à 27ºC. Mais le froid nocturne affecte les habitants, tant il est vrai que les chutes soudaines de température sont ressenties plus durement dans le sud-est asiatique. Alors, le soir on fait des feux de bois devant les maisons pour se réchauffer et on s’emmitoufle dans des couvertures pour passer la nuit à même le sol, sur une natte tressée, voire sur un matelas dur pour les plus fortunés. Rares aussi sont les maisons qui s’offrent le luxe d’un climatiseur.

 

Bonheur et chaleur

 

On serait alors tenté de croire que cette relative rigueur climatique et cette apparente pauvreté affectent le moral de ses habitants. Or, rien de tout cela n’apparaît. Bien au contraire. À croire que l’absence de richesse matérielle imprègne de bonheur et de chaleur humaine une petite communauté vivant en autarcie. Il ne fait pourtant aucun doute que l’argent manque à tout un chacun. Mais la misère n’est pas le lot des villageois. La terre est généreuse et fournit les besoins quotidiens. Et puis ici, la richesse est celle du cœur, de l’entraide.

 

Manger à sa faim

 

Grâce à l’eau, la terre est féconde. La végétation y est abondante, même si de mémoire d’homme, la plupart des forêts d’autrefois ont disparu au profit de cultures. Cela a bien sûr changé le climat et la faune. On parle encore du temps où tigres et éléphants peuplaient cette région. Les quelques vestiges des forêts d’antan se trouvent autour des temples de campagne, heureusement encore nombreux. Ici, la culture du riz est la ressource principale. On constate toutefois que la culture de l’hévéa a maintenant fait une percée significative dans l’économie locale.

 

Explosion de couleurs

 

Pendant la saison des pluies, lorsque le paysage reverdit, c’est une explosion de couleurs et d’arbres fleuris. Une tout autre vision. La nature pourvoit aux besoins en fruits : mangues, papayes, bananes, noix de coco, grenades, canne à sucre sont les plus fréquents. Sur la terre arrosée, on récolte une variété de légumes qui constituent l’alimentation locale : choux, salades, basilic, oignons verts, tomates cerises, navets, potirons, piments chilis. Tout cela pousse de manière saine et écologique et chacun peut cultiver son propre petit potager. Certaines fermes locales le font de manière plus systématique et sont dotées d’un petit bassin de rétention pour conserver l’eau.

 

On y met quelques poissons, des canards et puis cela permet au voisinage de venir s’approvisionner en légumes frais, en poissons et en viande. La volaille est omniprésente dans le village. On y élève aussi des cochons ; on aperçoit quelques vaches dans les près et surtout des buffles d’eau, compléments essentiels aux travaux champêtres. Alors, entre riz, légumes, viandes, poissons, œufs, lait et fruits, on mange à sa faim à Sri Wan Chai.

 

Linguistique et alimentation

 

Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? Pour qui connaît l’Asie, et surtout la Thaïlande, la table tient un rôle important dans la société. On mange toutes les deux ou trois heures, ou d’une manière générale quand on éprouve une petite faim. D’ailleurs, on ne fait pas ici de distinction entre petit-déjeuner, déjeuner et dîner. Kin kao est l’unique mot thaï pour « manger ». La linguistique est souvent une manière culturelle d’évoquer les habitudes. Toutefois, la cuisine de l’Isan – comme celle du Laos, de l’autre côté du Mékong – a très peu de ressemblance avec la cuisine des autres régions du royaume. Elle est moins variée, moins recherchée et raffinée et sied à une population paysanne dont le seul but est de se nourrir de manière équilibrée avec les produits du cru. C’est pourquoi on y mange fréquemment des escargots, comme en France, mais surtout une variété inouïe d’insectes qui, accommodés – frits (sauterelles) ou bouillis (larves et autres insectes de terre) – apportent une quantité inestimable de protéines. Répulsion alimentaire mise à part, tout est question d’habitude et de culture.

 

Les deux piliers de la communauté

 

La relative pauvreté matérielle du village de Sri Wan Chai n’est donc pas un obstacle à ce bonheur que les militaires au pouvoir veulent à tout prix rendre aux thaïlandais… Cette grande richesse intérieure n’est pas à la source de la joie de vivre évidente de ces villageois ?

 

Sans doute trouve-t-elle son origine dans la philosophie bouddhiste et dans sa profonde influence sur l’esprit communautaire. Un peu à l’instar des villages de France d’autrefois, la vie sociale du village tourne autour de deux pôles : le temple et l’école publique. Elle est consolidée par ce phénomène profondément oriental qu’est l’emprise de la cellule familiale, créant ainsi un esprit communautaire étroit, tout à l’inverse de l’individualisme extrême des sociétés occidentales. L’une des règles fondamentales du bouddhisme est que l’individu n’existe qu’en fonction du groupe. Cela régit d’emblée la vie communautaire où l’autre et le partage des biens deviennent deux piliers de la vie sociale. Quelques jours passés à Sri Wan Chai en témoignent clairement.

 

Sacré et séculier

 

Le temple est situé un peu à l’extérieur du village. C’est là une première différence avec l’église du village français. Le sacré est séparé du séculier. Cela rejoint dans l’esprit le concept africain du sorcier, gardien séculaire du masque mystique, demeurant à l’extérieur de l’enceinte du village. Dans la campagne de cette Isan profonde, les temples sont souvent isolés, en marge des lieux d’habitation, entourés par une forêt. Non pas une forêt sauvage, mais une forêt apprivoisée où des chemins mènent aux pavillons individuels des bonzes. Un petit ruisseau alimente deux bassins remplis d’eau, attirant oiseaux et poissons.

 

Cet espace naturel fait aussi fonction de parc domanial. Ainsi en est-il du petit temple de Sri Wan Chai : toits multiples en tôle, ouverts sur trois côtés, avec quelques grands bouddhas dorés blottis derrière une vitrine de verre sur la face fermée du sanctuaire. Il y a quelques mois à peine, les villageois ont construit un grand portique à l’entrée du chemin du village qui mène au temple au milieu de la forêt. L’édifice est d’une simplicité fonctionnelle qui ne ressemble en rien à la richesse traditionnelle des temples citadins. Pourtant, les poteaux en troncs d’arbres vernis ne manquent pas d’esthétique.

 

Esprit communautaire

 

L’espace intérieur carrelé du temple est fait pour recevoir les villageois qui, pour la plupart, s’y rendent à pied. Chaque matin, la petite communauté de bonzes (sept environ) se rend, pieds nus, au village, pour recevoir les aumônes. Rituel séculaire dans cette partie du monde. Sauf que c’est ensuite au tour des villageois de se rendre au temple en portant leur repas du matin qui sera béni puis partagé en famille dans le temple, quand les bonzes ont terminé le leur. C’est en partie par ces allers et retours quotidiens que le sacré et le mystique se complètent, comme dans le sigle chinois du Yin et du Yang. C’est ici aussi que l’on palpe l’essence de l’esprit communautaire.

 

L’autre pôle du village de Sri Wan Chai est le terrain occupé par l’école publique, un vaste enclos situé à l’orée du village. Quelques pavillons de bois renferment des salles de classe rustiques, formant un L face au vaste terrain de sport où les enfants se retrouvent après l’école. À côté du drapeau et de l’inévitable portrait du couple royal, se dressent les drapeaux de l’Asean, rappelant jusqu’aux confins de l’Isan le rapprochement des pays de la région. Dans le seul grand bâtiment en béton, tout à l’arrière, s’élève un grand préau pour les rassemblements et autres activités sociales ou académiques. Dans un coin, on y trouve le portrait de l’abbé du temple, comme pour rappeler l’autre valeur fondamentale de la société thaïlandaise. Preuve vraisemblable des changements en cours, un signe en anglais annonce : « Welcome to our school ! » Chaque matin, les élèves arrivent à pied ou à vélo pour les plus jeunes, à mobylette pour les plus âgés. Lorsque les élèves sont en âge d’aller au lycée, un service de ramassage scolaire les conduit vers les établissements secondaires les plus proches.

 

La vie de famille et de la communauté s’organise ainsi autour de ces deux piliers que sont le temple et l’école. Le village a son chef. Un grand poteau surmonté de quatre haut-parleurs sert à faire des annonces à la population. Dans le village de Sri Wan Chai, malgré l’inconfort et la vie rustique, on ressent les élans d’âme et de générosité des autochtones. On y découvre une profonde humanité partagée où même l’étranger est toujours accueilli de manière simple et chaleureuse par une communauté qui, aussi pauvre qu’elle puisse être, saura communiquer une profonde leçon d’humanité et de charité.

 

Un reportage de Christian Sorand

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