Chaque mois, la lettre d’information compilée par le père François Ponchaud raconte les dessous du Cambodge politique et économique. Auteur de «Cambodge, année zéro» (Julliard), le livre qui raconte pour la première fois au monde le génocide des Khmers Rouges, François Ponchaud est prêtre missionnaire, membre des Missions Étrangères de Paris. Focus de sa dernière lettre: la détérioration des conditions de vie de la paysannerie cambodgienne en raison de la chute du prix du riz.
Nous reproduisons ici un extrait de la lettre d’information «Nouvelles du Cambodge» réalisée par le père François Ponchaud. A retrouver sur le site de la revue Églises d’Asie dont nous vous recommandons vivement la lecture ici.
Le mois de novembre est le celui de la principale moisson de riz. La récolte, au moins, dans la région de Takéo s’annonçait assez bonne. Actuellement, tout est moissonné par les moissonneuses-batteuses Kubota de fabrication japonaise. On y a travaillé de jour et de nuit. Il faut compter près de 90 dollars par hectare (350.000 riels) pour la location de la machine. C’est un tout petit peu moins cher que la moisson à la faucille (400.000 riels/hectare).
Plusieurs rizières sont de nouveau ensemencées.
Cependant, cette année, le prix du riz à l’achat est ridiculement bas : 800 riels/kilo (0,20 centimes d’euro), alors que l’an dernier il s’achetait 1.200 riels (0,30 centimes), soit un manque à gagner de 30%.
Le riz IRRI, à la tige courte, mais au grain semblable, vaut 500 riels. Il ne faut donc pas s’étonner que les campagnes se dépeuplent et que bientôt elles ne pourront plus nourrir le peuple.
Les jeunes vont faire des études en ville, ou travaillent en usines pour avoir un peu d’argent. Ils enrichiront l’administration, les classes moyennes, mais peu, ou pas, reviendront pour développer les campagnes.
Violences rurales
Dans la campagne, un certain nombre de jeunes des écoles secondaires se mettent à fumer de la drogue. Ils circulent en bande, la nuit, et dévalisent les maisons inoccupées, déchirent les vêtements en recherche d’argent. La police est un peu débordée.
Durant les 11 mois de l’année 2018, le Cambodge a exporté 30.000 tonnes de riz dans différents pays d’Afrique. La Chine en a importé 195.242 tonnes, l’Union européenne 174.397, et les pays de l’ASEAN 69.239 tonnes.
Pour répondre, en autres, à un éventuel blocage du commerce avec l’Europe, le Cambodge a recherché d’autres débouchés. Le riz va être exporté en Arménie, au Belarus, au Kazakhstan et en Russie, un bloc qui a une population de 178 millions d’habitants et un produit national brut de 2,5 mille milliards de dollars.
