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Thierry MARIANI : « Ni privilèges, ni discrimination pour les expatriés »

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 29/05/2017
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Le député sortant des Français de l’étranger de la 11e circonscription briguera un nouveau mandat aux côtés de 13 autres candidats lors des élections des 4 et 18 juin prochains. De passage en Thaïlande où il a rencontré les Français de Bangkok, Phuket, Samui, Pattaya et Chiang Maï, le député Républicain est revenu sur son bilan de ces cinq dernières années et les critiques qui lui ont été adressées par ses adversaires, son travail parlementaire et ses déplacements dans sa circonscription dans un entretien accordé à Gavroche.

 

Les 11 députés des Français à l’étranger, élus pour la première fois en 2012, ont terminé leur première législature. Quel bilan global dressez-vous ? Leurs intérêts ont-ils été mieux pris en compte ? Beaucoup en doute encore.

 

Il a été tout à fait satisfaisant. Et ce pour trois raisons. Chacun a montré à sa manière qu’il était très présent sur le terrain et dans les débats. Le hasard électoral a fait que ces onze députés étaient répartis dans les quatre principaux groupes politiques et ils ont pu amener à l’intérieur de ces groupes le point de vue des Français de l’étranger, leur expliquer ce qui marchait pour eux. Enfin, les Français de l’étranger s’appuient dorénavant sur des députés chargés spécifiquement de remonter leurs préoccupations et défendre leurs intérêts. Avant la réforme de la constitution française de juillet 2008, il n’y avait que les sénateurs pour les représenter. Mais la politique se fait à l’Assemblée nationale et non pas au Sénat.

 

Quelles sont justement ces avancées ? Et de quelles façons ont-elles été tenues ?

 

Elles ont été très minimes parce que le gouvernement socialiste n’a pas tenu ses promesses et les cinq années qui viennent de s ‘écouler ont été marquées par deux faits totalement nouveaux. Premièrement, un impôt supplémentaire pour les expatriés : la fameuse CSG/CRDS qui pèse sur les revenus immobiliers et qui a été mise en place dès l’arrivée de François Hollande en juillet 2012. Imaginez qu’un expatrié qui loue aujourd’hui un appartement en France se voit prélever 40% du produit de ses loyers. A ce niveau là, ce n’est plus un impôt, c’est de la confiscation. Deuxièmement, François Hollande a supprimé la PEC (gratuité de l’enseignement ay lycée pour les Français de l’Etranger) mise en place par Nicolas Sarkozy. Or il avait dit que l’argent récupéré serait reversé aux boursiers. Mais les chiffres le montrent : il a manqué plus de 110 millions d’euros.

 

Dans son programme pour les Français de l’étranger, Macron avait déclaré sur la question de la CFG qu’il « réexaminerait la question ». Qu’est-ce que cela signifie selon vous ?

 

A l’assemblée, quand on veut enterrer un problème, on crée une commission. Dans les programmes, le terme change par « nous réexaminerons la question ». Cela veut dire qu’il n’y a aucun engagement de pris sur cette question. Sur la question d’assouplir les conditions d’accès aux bourses scolaires pour en faire bénéficier le plus grand nombre, c’est aussi à l’image de son programme : sympathique mais rien de précis. On ne sait pas ce que veut faire Emmanuel Macron pour les expatriés. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que les critères ont été changés sous le gouvernement précédent et que si aujourd’hui vous avez le malheur de posséder même une toute petite propriété en France, vous êtes exclu de fait du droit aux bourses. Alors que depuis 30 ans, tous les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, avaient fait de notre réseau d’enseignement à l’étranger une priorité, pour la première fois un gouvernement a décidé de baisser la voile.

 

Vous avez été régulièrement la cible d’attaques de vos adversaires politiques, notamment en Thaïlande, qui vous reprochent ou de ne pas être assez présent sur le terrain, ou de ne pas participer aux débats de l’assemblée. Qu’avez-vous à leur répondre ?

 

En Thaïlande, pour parler d’ici, les mêmes qui écrivent aujourd’hui que je viens trop souvent en Thaïlande et qui honteusement questionnent ma moralité sont les mêmes qui écrivaient il y a cinq ans que je n’y mettrais jamais les pieds. Or j’invite vos lecteurs à consulter le classement d’activité des députés. Je suis classé 66ème sur 577 députés. Je n’ai pas d’autre activité. Je suis député à temps plein. Si les seuls reproches que l’on m’adresse à la fin de mon mandat sont d’être trop présent sur le terrain et en même temps d’être parmi les députés les mieux classés à l’Assemblée nationale, je vous laisse voir.

 

D’autres candidats amènent souvent le fait qu’ils sont, contrairement à vous, des expatriés présents sur le terrain, issus de la société civile, et donc plus à même de comprendre les Français de l’étranger. Que leur répondez-vous ?

 

La société civile ? Mais c’est une vaste farce. Qu’est-ce que la société civile ? Ce sont des gens qui ne sont pas encore élus ou ceux qui ont été battus. On est tous de la société civile. Cela fait partie des formules qui sont à la mode. Quant à vivre à l’étranger, soyons sérieux. La quasi totalité des députés sortants vivent à Paris. Un député a pour obligation d’être très souvent à l’assemblée, et en ce qui me concerne d’être aussi présent sur le terrain, dans quarante-neuf pays. Vivre à Singapour par exemple vous donne-t-il le droit de mieux comprendre les problèmes des Français vivant en Russie, qui ne sont pas les mêmes que ceux vivant en Australie, en Chine ou en Thaïlande ? Les meilleurs ministres de l’Agriculture n’ont jamais été des agriculteurs. Il n’y pas d’autre choix : où les députés des Français de l’étranger élus doivent déménager à Paris, ou être absents de l’assemblée.

 

Pour revenir à un bilan plus personnel, avez-vous l’impression du devoir accompli dans votre circonscription, qui on le rappelle va de l’Europe de l’Est jusqu’au Pacifique en passant par l’Asie ?

 

Ce n’est pas le point le plus important, mais je souhaiterais revenir tout d’abord sur la suppression du vote électronique pour les Français de l’étranger. Cela montre que François Hollande et son gouvernement ont traité ces Français avec désinvolture du début jusqu’à la fin. Cela revient à dire, excusez moi du terme, « Qu’est-ce qu’ils nous emmerdent ces Français de l’étranger ? ». Il faut remettre en place le vote par Internet. Je vous donne un exemple : pour aller voter si vous habitez à Koh Samui, il faut se rendre à Phuket !

 

Vous êtes souvent intervenu sur les fameux certificats de vie qui posent de nombreux problèmes à obtenir pour les retraités. Qu’en est-il ?

 

C’est le formulaire le plus demandé dans les consulats. Il est temps d’imposer à la totalité des caisses de retraite que ce formulaire soit disponible via internet. Je suis parmi ceux qui pensent qu’il faut maintenir ces certificats de vie. Mais aussi que les délais doivent être beaucoup plus courts pour les obtenir. Mon combat va dans ce sens.

 

Un autre sujet de préoccupation est la couverture sociale. La CFE est-elle la meilleure solution ?

 

Je voudrais rappeler tout d’abord que la CFE n’est pas une caisse obligatoire, et est gérée comme une assurance privée. La CFE n’a pas évolué depuis 20 ans. Avec l’aide de Marie-Laure Peytel et de Michel Calvet (conseillers consulaires Les Républicains pour la Thaïlande et la Birmanie, Ndlr), nous avons réussi à convaincre son directoire de mettre en place, ici en Thaïlande, une expérience unique dans le monde. Cela a débouché sur le fonctionnement d’une plateforme d’hospitalisation disponible 24h/24 et un réseau d’hôpitaux affiliés nettement supérieur. Un bilan sera fait à la fin de l’année. Les retours que nous avons pour le moment sont plutôt positifs. En tout cas, cela a déjà permis à la CFE de comprendre qu’elle avait besoin d’évoluer.

 

Par rapport à votre candidature, quels sont les projets que vous mettrez en avant si vous êtes réélu ?

 

En premier, l ‘éducation, et notamment que l’effort en matière de bourse et d’accompagnement des établissements français à l’étranger soit rétabli, et que l’évolution des moyens soit au même niveau que celui donné à l’Education nationale en France. Il ne faut pas qu’un seul enfant Français soit privé d’école pour raisons financières. Et il faut que les écoles soient le plus près possible de la communauté. En Thaïlande par exemple, il n’y a pas encore d’école française à Chiang Maï.

 

La deuxième priorité est l’égalité fiscale pour les expatriés. Ni avantages, ni discrimination. Je milite pour la suppression de la CSG.

 

La troisième proposition est de pouvoir proposer aux jeunes expatriés de moins de 30 ans la possibilité d’adhérer à une couverture minimale à la CFE. De plus en plus de jeunes ne sont plus assurés parce qu’ils n’en ont pas les moyens.

 

Ma quatrième priorité est un accès aux financements des entreprises tenues par des Français à l’étranger qui créent de la richesse pour la France. Il faut arriver à mesurer ce retour et proposer par exemple à ces entreprises méritantes un accès aux financements de la BPI. La French Tech est un succès incontestable. Mais une fois que vous avez obtenu ce label d’excellence, que reste-t-il ?

 

Pour finir, je continuerai à montrer à l’assemblée que les Français de l’étranger ont évolué et que ce ne sont plus en grande partie les expatriés d’il y a 20 ans qui partaient avec des packages confortables, mais des résidents locaux, des couples bi-nationaux qui prennent des risques et qui sont fortement impliqués dans la vie des deux pays.

 

Propos recueillis par Philippe Plénacoste

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