“Ce roman est une simple histoire de l’Indochine heureuse, quand, en fait de drames, on n’y connaissait que de médiocres intrigues de chefs-lieux de province. Les temps ont bien changé…” Ainsi l’auteur présente-t-il son premier ouvrage, “Au temps du Tonkin paisible”, publié tardivement en 1967, mais qui, largement autobiographique, raconte ses premières années en Indochine.
Né en 1895 à Bellegarde, dans la Drôme, M-L Jean suivra ses études à l’Ecole Normale de Valence. Après la guerre de 14-18 où il sera blessé, il partira pour l’Indochine et y passera un quart de siècle dans le service des Douanes. Il publiera ses souvenirs dans une bonne dizaine d’ouvrages, tous introuvables.
Et c’est dommage, car ses nouvelles et contes, comme il les appelle, font revivre avec humour et tendresse toute une humanité disparue, à une époque où, dans l’Indochine des années 20, « Français et Annamites évoluaient sous le signe de la bonhomie et de la confiance ».
Marseille : peu avant son départ, sur un quai du Vieux Port, il va rencontrer une jolie silhouette ensoleillée, une frimousse blonde et deux grands yeux violets. C’est Madeleine… Il va emporter là-bas, à Haïphong, au fond de lui-même, son image, comme celle d’un bonheur entrevu et gâché.
Et puis c’est la routine, le bureau des Douanes où l’on passe son temps à ne rien faire. Un jour, arrive un nouveau dans le service, Daniélo. Oh, un brave garçon avec son accent marseillais, « mais qui ressemble à un gros paquet mal ficelé, bien gros, bien lourd, bien myope et bien effaré ». Notre héros va le prendre sous son aile et Daniélo lui vouer un attachement de caniche. Jusqu’au jour où le jeune commis va inviter son protecteur à venir dîner pour lui présenter sa jeune épouse. Et là tout va basculer : au lieu de la bonne grosse méridionale bien brave qu’il imagine, s’avance, toute souriante, la jolie Madeleine du quai du Vieux Port…
M-L Jean écrira ensuite « La 5ème dent », publié en 1970. C’est l’histoire pathétique de Calzaroni, cet ingénieur italien, qui année après année, se bat contre le Fleuve Rouge, dont les crues inhumaines détruisent la dernière pile de son pont qui relie Lao-Kay à la rive chinoise.
Enfin en 1971, dans « Une vie perdue », l’auteur va nous raconter la triste histoire de Jean Nimier. Envoyé à Chapa, dans le coin le plus isolé du Tonkin, la beauté des paysages à couper le souffle et le charme des jeunes filles Méo lui feront oublier son concours de Contrôleur et la douce Denise qui l’attend à Hanoï.
FRANÇOIS DORÉ
Librairie du Siam et des Colonies
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