Chers lecteurs de Gavroche, ce poème est le cinquième volet des Petites Chroniques que j’ai consacrées à la ville de Hua Hin, aujourd’hui vide de touristes thaïs et étrangers. Bien que considérablement urbanisée depuis une trentaine d’années, avec ses hôtels et résidences de luxe en front de mer, la ville balnéaire, située à environ 190 km au sud de Bangkok, garde son charme grâce à ses quartiers insolites, ses restaurants perdus dans d’improbables ruelles (soi), ses nombreux marchés locaux, ses magnifiques temples et bien d’autres jardins secrets. A l’extrême sud de la ville, la colline Khao Takieb, « Montagne des baguettes » (chinoises), n’a pas échappé à l’urbanisme sauvage. Cependant, un petit port à marée (port d’échouage) et quelques restaurants font de la résistance. Vous en saurez plus en lisant cette chronique.
Le singe, attentif,
Génitoires au vent,
Se rapprochait, craintif,
Des tables du restaurant,
À pas lents, attentif !
Le cuisinier, bonnard,
Pris de compassion,
Lui lança un calmar
Qu’il saisit sans façon
En nous fixant, bonnard…
Partageant sa ration
Avec une femelle,
Le primate bouffon,
Cul nu avec la belle,
Mangea sa ration.
Les singes sont partis,
Comme ils étaient venus,
La panse bien remplie,
Dodelinant du cul ;
Les singes sont partis.
Le show est terminé.
Le nez dans mon assiette,
Je goûte à la marée,
Des pensées plein la tête,
Le show est terminé
Tout est si frais ici,
Lunk Moo Pa Pien, resto
Qui comble nos envies
De poiscailles et de flots,
Tout est si frais ici.
Poissons et fruits de mer
Sont choisis bien vivants
Dans des aquariums verts,
Puis apprêtés sur l’instant,
Dans des senteurs de mer.
La pêche est de la nuit,
Le port est à marée,
Et les bateaux s’ennuient
Dans la vase mêlée ;
La pêche est de la nuit.
Ce petit port survit
Cerné de constructions,
D’immeubles et de logis,
De verre et de béton,
Ce petit port survit.
Khao Takieb, colline
Au sud de Hua Hin,
Domine la mutine,
Qui résiste, divine,
Au pied de la colline.
L’urbanisme sauvage
Détruit ce paradis,
Et fait des ravages
Dans ce lieu plein de vie,
Autrefois si sauvage.
Mais quelques restaurants
Qui fleurent bon la mer,
Résistent à l’air du temps,
Combattants solitaires ;
Ah ces bons restaurants !
Les singes seront là,
C’est leur territoire,
Égayant nos repas,
Culs nus sur le trottoir,
Les singes seront là…
Michel Hermann