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GAVROCHE – ROMAN: « L’impératrice rouge », épisode 13 : La vie, c’est comme la boxe thaïe

Date de publication : 28/06/2021
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La vie ressemble parfois à un ring. Et sur ce ring, à l’affrontement entre deux combattants de « Muay Thai », la boxe thaïlandaise. Patrice Montagu-Williams nous offre ici un nouvel épisode haletant de son roman feuilleton « L’Impératrice Rouge ». Attention, ça va cogner !

 

Un roman inédit de Patrice Montagu Williams

 

L’intrigue.
Les saisies de drogue atteignent un niveau record dans le 13ème arrondissement de Paris. Cette drogue proviendrait du fameux Triangle d’or, cette zone frontalière située entre la Thaïlande, la Birmanie et le Laos. Quel est le rôle exact de la Chine et de ses services secrets dans cette affaire ? Et qui est exactement cette Impératrice Rouge, somptueuse et tragique femme vampire, qui serait le chef d’orchestre occulte de ce trafic ?

 

L’agent très spécial Ly, de la DGSE, est envoyé en Thaïlande pour régler le problème, par tous les moyens. Persuadé, comme le dit Sartre, qu’on ne peut vaincre le mal que par un autre mal, il vivra une histoire de passion, de folie et de trahison.

 

Rappel de l’épisode précédent : Pour mener à bien sa mission, la camarade Wu dispose maintenant d’une couverture, un « go-go bar » situé au beau milieu d’un quartier chaud de Bangkok. Les services chinois lui ont adjoint, pour l’aider et la surveiller, un bras droit : Le Mongol. C’est lui qui organise les transfusions sanguines dont elle a besoin pour pouvoir survivre et, croit-elle, pour ne pas vieillir…

 

Épisode 13 : La vie c’est comme la boxe thaïe

 

Il retrouve son contact de la CSD, la « Crime Suppression Division », le colonel Wichak, devant l’entrée du stade du Rajadamnoen, le plus ancien et le plus prestigieux stade de boxe thaï de Bangkok, qui est géré par l’armée dont le quartier général se trouve juste en face, sur Rajadamnoen Nok Road.

 

Le flic est amateur de cette sorte de ballet ultra violent à base de coups de poing, de pied et de genou.

 

L’école de la vie

 

— Le « muay thaï », c’est l’école de la vie, dit-il à son ami Ly : on se bat avec ce qu’on a et tous les coups sont permis.

 

Puis il lui explique que le combat va se dérouler en cinq rounds de trois minutes chacun et qu’il est précédé par une sorte de danse rituelle, le « Wai Khru Ram Muay », durant lequel le « nak-muay », le boxeur, porte le « mongkon », une bande de tissus autour de la tête destinée à manifester son respect pour son entraîneur et à affûter son mental. Les combattants doivent être âgés de plus de quinze ans et ne pas peser moins de quarante-cinq kilos. Les femmes ne sont pas autorisées à se battre, ni même à toucher le ring. Un petit orchestre, composé d’un tambour, d’une cymbale et d’un hautbois, rythme les différentes manches du combat.

 

Seven Spoons

 

Après le match, ils sont allés dîner au « Seven Spoons », sur Chakkrapatipong Road, pas loin du stade. Wichak lui a conseillé le vivaneau blanc poêlé avec sauce à la crème à la lavande et pistaches tandis que, lui, optait pour un magret de canard sauce genièvre aux kakis caramélisés.

 

Le colonel voudrait quitter Bangkok et prendre sa retraite du côté de Chiang Mai.

 

— C’est à cause du climat : ici, c’est chaleur et humidité toute l’année, tandis que, là-bas, il fait doux et sec. Et puis, Chiang Mai, ça reste une ville à taille humaine : deux cent-cinquante mille habitants, contre plus de quinze millions à Bangkok ! Mais, avant, je voudrais visiter Paris.

 

Midnight in Paris

 

Il n’y était jamais allé, mais il avait vu et revu le film de Woody Allen « Midnight in Paris » où on les retrouvait tous : Cole Porter, Scott Fitzgerald et sa femme, Zelda, Hemingway et Joséphine Baker, Dali et Buñel, Toulouse-Lautrec, Gauguin et Degas. Il irait au « Moulin Rouge », chez « Maxim’s » et à « La Closerie des Lilas ».

 

— Paris est une fête, dit-il, en levant son verre de « Mekhong », le whisky local. Fabriqué à partir de sucre de canne et de mélasse et de riz, il est, en fait, plus proche du rhum que du whisky. La légende raconte même qu’il est, parfois, mélangé à du sang de cobra pour le rendre plus corsé.

 

Le cadavre a parlé

 

Après avoir reposé son verre, le colonel se tourne vers son ami.

 

— Il y a quelque chose que je voulais te dire, avant que je n’oublie, et qui pourrait, peut-être t’aider. Nous avons des hommes infiltrés dans ces équipes de voleurs de cadavres des fondations bouddhistes qui ramassent, la nuit, les morts accidentés de la route ou abandonnés dans les rues. Cela permet à ces fondations de générer beaucoup de cash car le bouddhisme voit, dans ces actes de charité, un moyen d’obtenir des mérites aidant à progresser d’une existence à l’autre sur la voie de l’illumination. Hier au soir, l’une de ces équipes a été appelée pour aller chercher un cadavre au sous-sol du Nana Plaza. Il s’agissait d’une fille encore très jeune, totalement vidée de son sang. Ce n’était pas la première fois qu’ils allaient récupérer un corps dans cet état là-bas, mais, cette fois, la gamine respirait encore. Alors notre homme a contacté les secours. Hélas, le temps qu’ils arrivent, elle était morte. Nous l’avons conduit chez nous et demandé si elle avait parlé. Il nous a dit qu’elle avait eu juste le temps de murmurer « c’est l’Impératrice Rouge », avant de fermer les yeux. Je ne crois pas trop à l’existence de cette Impératrice Rouge, comme je te l’ai dit. Ici, on est au pays des « phi », des esprits, mais le type est encore chez nous. On va le garder encore un jour ou deux. Tu peux venir l’interroger, si tu veux, puisque cette histoire t’intéresse…

 

Les ramasseurs de morts

 

Il est assis sur une chaise, dans une pièce sans aucune ouverture vers l’extérieur. Il porte une amulette autour du cou. Il dit qu’il s’appelle Somtak, qu’il travaille pour une ONG bouddhiste dont les bureaux ne sont pas très éloignés du Nana Plaza, à Pathum Wan, « The Nâga Foundation », du nom du grand serpent qui vit dans le Mékong et envoie des boules de feu dans le ciel quand il veut avertir le Bouddha de la montée des eaux, mais qu’il renseigne aussi, à l’occasion, la CSD, la « Crime Suppression Division ». Il dit qu’ils ramassent toutes les nuits les cadavres dont personne ne veut, partout dans Bangkok. Il dit qu’ils sont allés chercher la marchandise, au sous-sol du Nana Plaza, comme les autres fois. Il dit qu’ils sont informés par téléphone que le corps est disponible à l’endroit convenu, dans un local où se trouve un générateur électrique de secours où jamais personne ne va, mais dont ils ont la clef.

 

— Tu as une idée sur l’identité de la personne qui vous contacte, demande le colonel Wichak, qui mène l’interrogatoire ?

 

Il répond qu’il ne sait pas mais que tous pensent, dans son équipe, qu’il s’agit d’une « phi pop », un esprit féminin maléfique qui dévore les entrailles humaines.

 

— Il ne me reste plus qu’à aller enquêter au Nana Plaza, dit Ly un peu plus tard en se levant. Merci, colonel : je te tiendrai au courant.

 

A suivre…

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