Le gouvernement birman a commencé à libérer le 1er juillet environ 2 300 prisonniers, dont des militants détenus pour avoir protesté contre la prise du pouvoir par l’armée en février et des journalistes qui ont fait des reportages sur les manifestations, ont indiqué des responsables.
Des bus ont emmené les prisonniers hors de la prison d’Insein à Yangon, où les amis et les familles des détenus attendaient depuis le matin l’annonce de leur libération. Il est d’usage d’emmener les prisonniers libérés dans les commissariats de police où ils avaient été incarcérés à l’origine pour achever les démarches en vue de leur libération.
Zaw Zaw, chef du département pénitentiaire de la région de Yangon, a confirmé que plus de 720 personnes avaient été libérées de la prison, qui est depuis des décennies le principal établissement pour les prisonniers politiques.
De nombreux manifestants toujours détenus
Selon les annonces officielles diffusées par les médias d’État, la plupart des détenus libérés, si ce n’est tous, faisaient l’objet d’accusations liées aux manifestations, notamment en vertu de la section 505(A) du code pénal birman, qui érige en infraction le fait de diffuser des commentaires susceptibles de créer des troubles ou des craintes au sein de la population ou de répandre de fausses nouvelles, et qui est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.
Il semblerait toutefois qu’un nombre inconnu de personnes détenues pour ce motif soient encore en détention. Aucune information complète n’était disponible et les libérations devraient s’étaler sur plusieurs jours.
La télévision d’État a fait état de libérations dans la ville de Mandalay et à Naypyitaw, la capitale, ainsi qu’à Yangon, la plus grande ville du pays. Les médias locaux de régions plus éloignées ont également fait état de libérations, notamment à Myitkyina dans l’État de Kachin (nord), à Lashio dans l’État de Shan (est) et à Hakha dans l’État de Chin (ouest), un foyer d’opposition au régime militaire.
5 224 personnes en détention
Tin Zar Oo, une avocate qui, avec ses collègues, représente des détenus politiques et des journalistes, a déclaré qu’environ la moitié des 100 personnes dont elle s’occupe, y compris des journalistes arrêtés il y a quatre mois, ont été libérées.
Une déclaration de l’armée a indiqué que 2 296 prisonniers étaient en cours de libération. Le vice-ministre de l’information, le général de division Zaw Min Tun, avait auparavant déclaré à l’agence de presse chinoise Xinhua que les détenus libérés étaient “ceux qui ont participé aux manifestations mais pas aux violences, qui n’ont pas commis de crimes et n’ont pas dirigé les émeutes”.
L’Association d’assistance aux prisonniers politiques a déclaré mardi que 5 224 personnes étaient en détention en rapport avec les manifestations. L’association tient un compte détaillé des arrestations et des victimes liées aux conflits politiques du pays.
Aucune raison n’a été donnée pour expliquer la date de ces libérations.
Le gouvernement est désireux de cultiver la bonne volonté de l’opinion publique, dont une grande partie lui est hostile. Mardi, il a annoncé qu’il abandonnait les poursuites à l’encontre d’une vingtaine de célébrités qui avaient joué un rôle dans les manifestations.
La Birmanie est également confrontée à une recrudescence des cas de COVID-19, avec 1 312 nouvelles infections signalées mardi, portant son total à 155 697. Les conditions de promiscuité font des prisons des zones à haut risque pour le virus, bien qu’il n’y ait pas eu d’information officielle sur le rôle de cette menace dans les libérations.
L’agitation politique a rendu le système de santé du pays largement dysfonctionnel, limitant sévèrement les tests et la notification du COVID-19 jusqu’à il y a environ un mois, lorsque le nombre de cas confirmés a augmenté rapidement.
Remerciements à Michel Prévot