La chapelle d’Erawan, au carrefour des avenues Ratchadamri et Ploenchit, est sans doute l’un des lieux de culte les plus célèbres de Bangkok. Cet autel très ‘particulier’ a une histoire plutôt singulière. En 1953, en prévision d’une importante conférence internationale, le gouvernement thaïlandais décida de faire construire le tout premier palace apte à recevoir les honorables hôtes étrangers.
Le bâtiment (qui sera démoli fin 87, puis remplacé par l’actuel) fut baptisé Erawan Hotel, en hommage au légendaire éléphant blanc, symbole de fertilité et d’abondance, mais aussi monture d’Indra, le dieu-protecteur de Bangkok, qui figure sur le sceau officiel de la ville.
Moins de deux ans après le début des travaux, l’entreprise fut confrontée à toute une série d’incidents malheureux, dont notamment la mort accidentelle de manœuvres.
Le chantier maudit
De là à penser que le chantier était maudit, il n’y avait qu’un pas qui fut allègrement franchi en 1955 lorsque le bateau qui transportait du marbre d’Italie destiné à l’hôtel disparut corps et biens dans un naufrage. Les ouvriers refusèrent de continuer tant que rien ne serait tenté pour conjurer le mauvais sort.
On fit alors appel à un astrologue réputé, Luang Suwicharnpat. Celui-ci s’aperçut qu’il y avait eu négligence caractérisée puisque la première pierre n’avait pas été posée à un moment auspicieux. D’après lui, il suffisait d’édifier une chapelle dédiée à Brahma, premier parmi les dieux de l’Inde éternelle. On le reconnaît facilement car il a quatre visages autour de la tête. La recommandation fut promptement adoptée. Une statue coulée en plâtre de Paris et dorée à l’or fin fut cérémonieusement installée sur son piédestal le 9 novembre 1956.
Les travaux de l’hôtel furent subséquemment poursuivis et menés à terme sans le moindre pépin. Mais 50 ans plus tard, le 20 mars 2006, un forcené a fracassé l’idole à coups de marteau. La statue a été remplacée depuis mais il est des malédictions qui ont la dent dure…
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