Des galères et des petits boulots à trois sous, « Miss Da » en a plein sa sacoche. Cette surdiplômée thaïlandaise tente de faire son petit bout de chemin sur la banquise française, non sans mal. Elle pose un regard humoristique sur l’Hexagone.
Milkshake mon amour. « Bonjour ! Qu’est-ce que vous avez comme milkshake ? » « Tout ce qu’il y a dans les vitrines ! Vous composez vous-même les parfums. Dans le petit, il y a deux boules, le moyen trois boules et le grand quatre ». « Oh ! Je vous laisse choisir », dit-il en me souriant. Aucun client ne m’a jamais laissé choisir un parfum de glace à sa place. J’ai vraiment du mal avec les 24 parfums. « Vous êtes plutôt sorbet ou crème glacée ? » « Ce que vous voulez » répond-t-il avec un autre sourire. « Fraise-vanille ? Fraise-banane ? Melon-vanille ? Coco-vanille ? Nutella-fleur de lait ? », lui proposai-je. « Vraiment, comme vous voulez, j’aime tout si c’est vous qui le faites ». De plus en plus romantique ce « Mr Strawberry »… ça met un peu de chantilly dans la vie d’une vendeuse de glaces ! « Bon bah, fraise-vanille, ça vous va ? » Il a hoché la tête en m’offrant son charme et je suis retournée préparer son milkshake. « Et voilà ! Trois euros s’il vous plaît ». Il a payé et goûté son milkshake avant de lancer : « Hummm, excellent ! Le meilleur milkshake que je n’ai jamais goûté. » Bien sûr Mr Strawberry ! « Allez, j’y vais ! » « C’est préparé avec amour, normal que ça soit le meilleur ! À bientôt ! »
Vous shakez, nous shakons … ? L’histoire n’en finit pas. Deux beaux mecs (des vrais pour une fois) arrivent devant la vitrine. On pourrait même croire que c’est un couple pacsé. « Bonjour, un milkshake s’il vous plaît. » « Vous voulez quelle taille : petit, moyen ou grand ? » « Si je prends un grand, vous me ferez un shake ? » « Pardon ? », dis-je en croyant avoir mal entendu. « Oui, un shake, une danse shake », dit-il en me faisant une mini démonstration de déhanchement. « Euuuhh…, je ne crois pas que je puisse vous faire une « shake dance » sur mon lieu de travail, sinon on va me prendre pour une folle, surtout que je le suis déjà un peu ! » « Vous en avez l’air », me complimente-t-il. « Comment ça j’en ai l’air ? » Il ne m’a pas répondu et je lui ai demandé s’il voulait de la chantilly en supplément pour 0,90 €. « Vous me faites un shake si je prends la chantilly ? » Le beau gosse ne lâche pas prise. Méfiez-vous de moi, j’en serais capable… Mais ce jour-là, trop de monde tournait autour du kiosque. « Désolée, je ne peux vraiment pas me shaker ici ! » L’air déçu, mon beau mec est parti avec son milkshake. Miss Da, elle, a appris l’existence de la « shake dance », et va demander à Bescherelle d’ajouter un nouveau verbe à son dico : Je shake, tu shakes, il shake, vous shakez, nous….
(1) Strawberry : argot qu’utilisent les jeunes Thaïlandais pour dire menteur.