L’ambassadeur de France au Cambodge fait le point sur la coopération entre la France et le Cambodge.
Gavroche : Où en est la coopération policière entre la France et le Cambodge ?
En ce qui concerne la coopération opérationnelle, c’est-à-dire le traitement d’affaires qui peuvent avoir lieu entre les deux pays, nous avons obtenu récemment une extradition et une expulsion. De manière plus générale, nous avons convaincu les Cambodgiens que lorsqu’un Français avait été condamné au Cambodge dans des affaires de mœurs ou d’exploitation sexuelle sur mineur et avait purgé sa peine, une expulsion vers la France pouvait constituer un complément administratif à la décision de justice. L’extradition concernait une personne recherchée en France dans une affaire d’exploitation sexuelle sur mineur. Elle a été réalisée après accord de la Cour d’appel de Phnom Penh, en vertu du nouveau code de procédure pénale cambodgien. Le Cambodge commençait à avoir une réputation d’asile ou de refuge pour ce type de délinquance, et en six-huit mois, on a apuré la situation. Par ailleurs, un réseau de prostitution de mineures qui n’impliquait pas de ressortissants français a été démantelé au Cambodge après avoir été détecté en France par des moyens français de veille sur Internet.
Plus d’un milliard de dollars ont été accordés cette année au Cambodge par les donateurs. La société civile a critiqué le fait que ces dons et ces prêts au Cambodge n’aient pas été assortis de conditions.
Les droits de l’homme sont un sujet de dialogue, pas un objet de chantage. Ce dialogue s’organise d’abord autour de l’examen périodique universel pour tous les pays. Le Cambodge s’y est soumis récemment et a dit qu’il prendrait en compte les critiques qui lui ont été faites. Le rapporteur spécial pour les droits de l’homme établit également un dialogue avec le gouvernement. Par ailleurs, nous notons que la France est aujourd’hui au quatorzième rang des bailleurs. Est-ce que cela signifierait qu’elle ne pourrait plus parler des droits de l’homme ?
En juillet dernier, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a rencontré Nicolas Sarkozy. Jean-Louis Borloo et Anne-Marie Idrac se sont rendus à Phnom Penh cette année. Qu’est-il ressorti de ces échanges ?
Nous devons redéfinir le contenu de nos aides. Dans la mesure où le Cambodge s’enrichit, il n’y a pas de raison que le contribuable (français) lui fasse éternellement des dons. Anne-Marie Idrac a abordé le secteur privé pour expliquer qu’il est possible de faire de l’aide au développement qui ne soit pas de l’aide publique, mais un encouragement aux investissements directs. C’est le cas de Golden Rice, la première rizerie industrielle moderne du Cambodge, qui a bénéficié d’un prêt bancaire de sept millions de dollars de Proparco, une filiale de l’Agence française de développement. Cela a créé 600 à 800 emplois permanents, plus des emplois périodiques. En termes de développement, il faut avoir de l’imagination pour aller de l’aide publique au développement vers l’investissement direct à l’étranger.
En couverture du magazine du 14 juillet réalisé par l’ambassade de France, figure une photo du Roi, lors de la cérémonie de son entrée sous la Coupole, en novembrer dernier.
Je crois que c’est la première fois qu’un chef d’État en exercice entre à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres. C’est un événement exceptionnel. En France, l’image du Cambodge, c’est encore l’image angkorienne. On est dans le domaine de la gestion des symboles. Le discours du Roi est un très beau texte, qui a beaucoup ému l’assistance, dans laquelle se trouvaient aussi bien la bonne société parisienne que la société franco-cambodgienne, les amis du Cambodge qui ont fait des missions, les ONG, et les Cambodgiens de Paris.
Propos recueillis par ADRIEN LE GAL