Un meurtre dans un commissariat de Nakhon Sawan – un trafiquant de drogue étouffé dans un sac plastique, – et la richesse anormalement élevée d’un officier de police « Joe Ferrari », le principal inculpé, révèle une fois de plus l’usage répandue de la torture dans les commissariats et l’étendue de la corruption dans la police thaïlandaise. Sept policiers ont été inculpés dans cette affaire. « Joe Ferrari », possède une somptueuse villa avec piscine à Bangkok et 29 voitures de luxe dont une Lamborghini Aventador. Comme ailleurs dans le monde, la police au Pays du Sourire est très mal rémunérée. Elle se paye sur la bête comme elle peut.
Parmi les activités qui rapportent le plus, il y a les casinos clandestins, qui génèrent des milliards de bénéfices. Dans un pays où certaines hautes fonctions administratives s’achètent au détriment de la méritocratie, il faut bien un retour sur investissement… Vous en saurez plus en relisant la Chronique de Michel Hermann. Bonne lecture.
Est-elle belle ou non ? Je ne vois que ses yeux
Dans cette pénombre où le silence est roi.
Les joueurs, enfermés dans leur triste combat,
Observent la table ; les dés sont capricieux…
Elle gagnera c’est sûr, au prochain coup de dés… !
Couverte de bijoux, le regard impassible,
Elle mise gros et vite, tout est possible !
Elle perd beaucoup aussi ; c’est une habituée.
Avec son air bourgeois, la trentaine passée
Elle détonne au milieu de ces gens ordinaires
Qui mettent en jeux leur vie. Tristes et solitaires,
Jouets de leur passion, ils finiront ruinés.
Ils sont une dizaine, autour de la table
À miser au « Sic Bo », nommé ici « Hi-Lo ».
Le tapis vert couvert de chiffres est leur tombeau,
L’univers de leur pulsion incontrôlable.
D’origine chinoise, ce jeu de casino,
Ici clandestin, fait florès dans le pays.
Bien sûr, il est officiellement interdit,
Pas pour la police, car ça rapporte gros.
Acheter sa fonction, c’est la règle commune,
La méritocratie existe peu ici.
Mais il faut rembourser : alors pas de soucis :
Les jeux clandestins rapportent une fortune…
Les yeux ailleurs, on prend sa dîme au passage,
Son supérieur payé, on en garde pour soi…
Il faut bien vivre, c’est la société qui veut ça…
De bas en haut chacun prend son pourcentage.
Légaliser les jeux, personne n’en veut ;
Morale bouddhiste et intérêts financiers
S’allient pour maintenir un système vicié
Et incontrôlable, mais qui fait tant d’heureux…
C’est très chaleureux chez « Mae Maï », la « Veuve » en Thaï.
Son salon de coiffure, c’est sa couverture.
Ses coiffeuses, belles à croquer et natures,
S’occupent des boissons et autres détails…
Le casino clandestin est bien camouflé,
Derrière la villa, à l’abri des regards.
Il ouvre les vendredis et samedis soir,
Ça attire du monde, les jours de congés.
Des bungalows pourvus d’un karaoké-bar,
D’un grand lit et de glaces au plafond, complètent
L’endroit, pour les folles parties de jambettes.
Les coiffeuses sont là pour ça, à tout hasard…
Ici, il y a d’autres casinos clandestins.
Mais à Sukhothai, c’est le plus réputé.
Le compagnon de la « Veuve » est policier,
C’est plus rassurant, quand on joue son destin.
Je ne saurai jamais si la Belle a gagné,
Je suis parti avant. C’était il y a dix ans.
De nouveaux Chefs sont là, encore plus exigeants.
La « Veuve » est partie ailleurs avec son policier…
Michel Hermann