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THAILANDE Tarisa Watanagase: “Si la Chine rebondit, l’Asie du Sud-Est surfera sur la vague.”

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 12/12/2012
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Pour la gouverneure de la Banque de Thaïlande, le choc financier mondial n’a pas encore fait sentir son impact sur le Royaume. Le reste se jouera entre Washington, l’Europe… et Pékin.

 

Le surnom pourrait lui convenir. A en juger par son austérité, Tarisa Watanagase, 60 ans cette année, pourrait fort bien être surnommée la «dame de fer» du Siam. Sacrée prouesse en effet, pour cette économiste formée au Japon et aux Etats-Unis, que d’avoir tenu bon depuis 2006 aux commandes de la Banque nationale malgré l’ouragan des années Thaksin et la chasse aux sorcières qui suivit. Sacré défi, surtout, pour cette ancienne de la Banque mondiale, que de tenir la barre de l’institut d’émission en plein choc financier mondial, et alors que sous presque toutes les latitudes, les créances plombées des banques menacent de ruiner des centaines de millions d’épargnants.

 

Premier constat: le ton n’est pas alarmiste. Au contraire. «Les occidentaux n’aiment pas l’admettre, explique-t-elle d’emblée, mais nous avons beaucoup mieux retenu qu’eux les leçons de la crise financière de 1998. Nos banques ont cessé d’emprunter massivement en devises et ont consolidé au maximum leurs réserves. A l’inverse des banques américaines… ».

 

Un constat ferme, non dénué de fierté, pour cette banquière centrale persuadée que les remèdes de cheval imposés voici dix ans aux pays de la région par le Fonds Monétaire international n’étaient pas justifiés: «On nous a donné les mauvais remèdes et cela a causé des douleurs que nous aurions pu éviter. Le FMI n’avait pour seul repère que les crises passées en Amérique Latine, et ses experts étaient obsédés par le spectre de l’hyperinflation. Mais cela appartient au passé. Ce qui importe, c’est de reconnaître aujourd’hui la bonne santé de notre système bancaire. Nous n’avons pas de problème de liquidité. Nous n’avons pas de problème de solvabilité. Nous ne sommes pas retombés dans le piège de l’argent facile».

 

La gouverneure ne s’en cache pas: les prévisions 2009, attendues pour avril, risquent d’être revues à la baisse. «L’espoir» d’une croissance zéro pourrait bien céder le pas à un début de récession, dont l’ampleur dépendra surtout du secteur des exportations. «Tout va dépendre de la situation et de la demande mondiale. Laquelle passe, pour nous, par l’Etat de l’économie chinoise. Si la Chine rebondit, l’Asie du Sud-Est surfera sur la vague grâce à l’importance du commerce intra-régional. Je suis persuadée qu’en raison de notre bonne santé financière, et de notre marché bien plus intégré qu’en 1998, la région est beaucoup plus résistante qu’il y a dix ans. Nous ne connaissons pas de contraction du crédit. Nous avons, si la demande repart, les moyens de l’accompagner.»

 

Comment faire, toutefois, pour diminuer la part des exportations qui représentent tout de même 65% de l’économie thaïlandaise? «Evidemment, accorder plus d’importance aux infrastructures. Nous devons absolument accorder à ce secteur l’importance qu’il mérite. L’idée de lancer des grands travaux aurait du sens dans un pays émergent tel que le notre. Et cela peut d’autant plus être réalisé que l’argent est disponible, dans les banques, pour financer ce type d’opérations avec la garantie de l’Etat s’il le faut. Le gouvernement doit jouer un rôle de catalyste. Mais il ne pourra, bien sur, rien faire sans le secteur privé.» Avec, toutefois une consigne: la prudence. «L’une des grandes leçons de la crise de 1998 est que notre secteur financier s’est ouvert trop rapidement. Il faut maintenant procéder étape par étape.»

 

Richard Werly

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