Depuis le mois de juillet 2008, les tensions entre les deux pays ont eu pour conséquence la chute des ventes de produits agricoles vers la Thaïlande. Toutes les provinces frontalières avec ce pays sont affectées.
Heng Bonhor, directeur du Département d’agriculture de la province de Banteay Meanchey, contacté par téléphone, a confirmé l’arrêt des exportations vers la Thaïlande. « Les fermiers produisent principalement du riz et des pommes de terre, qu’ils vendent en temps ordinaire, tous les jours, aux Thaïlandais. Mais ceux-ci n’achètent plus. Cela entraîne des problèmes financiers parmi nos paysans, car beaucoup ont recours au micro-crédit pour leur exploitation. Et ils ne peuvent plus rembourser les organismes prêteurs». Il a ajoute que dans sa province, 30 000 hectares produisent 25 tonnes de pommes de terre par hectare par an. Toute cette production est destinée à la Thaïlande. Pour le riz, 4 000 tonnes sont exportées, par jour, lors de la saison des récoltes. « J’ai informé le ministère de l’Agriculture de ces problèmes, car nous ne pouvons pas les résoudre au niveau de la province. Et ce n’est pas la première fois que nous avons ce genre de problème avec nos voisins thaïs ».
Chhim Vichara, directeur adjoint du Département d’agriculture de la province de Battambang, rencontre le même problème. Il n’a pas pu nous fournir de chiffres exacts. Il souligne toutefois que dans sa province beaucoup de producteurs ont des contrats d’exclusivité avec des acheteurs thaïs, ce qui rend l’établissement de statistiques difficile. « Tous les acheteurs thaïs ont arrêtés leur activité, sauf ceux qui ont des contrats avec les producteurs. A Battambang, la situation est sans doute meilleure que dans d’autres provinces, car il y a des exportations vers le Viêtnam».
Selon Heng Bonhor, cet arrêt des achats est dû au comportement des consommateurs Thaïlandais, qui, à la suite des déclarations de leur gouvernement, achètent en priorité des produits nationaux. « Le marché agricole cambodgien n’est pas sûr, chaque année il peut y avoir des problèmes. Le kilogramme de pommes de terre se vend 100 riels cette année, contre 2000 l’an passé. Le riz est tombé de 1000 à 600 riels le kilogramme ». Il a précisé que chaque année le gouvernement investit dans des machines pour décortiquer le riz, sur place, pour ne pas être obligé de l’envoyer au Viêtnam ou en Thaïlande à bas prix. « Mais nous n’avons pas les moyens financiers suffisants pour enrayer ce phénomène », conclu-t-il.