Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont approuvé mercredi 15 septembre l’ouverture d’une enquête formelle sur de possibles crimes contre l’humanité qui auraient été commis par le président philippin Rodrigo Duterte pendant sa “guerre contre la drogue”.
Dans un communiqué, la CPI a déclaré que les juges avaient approuvé la demande des procureurs d’ouvrir une enquête sur un éventuel meurtre en tant que crime contre l’humanité.
Selon l’évaluation faite par les juges des éléments présentés par les procureurs, “la campagne dite de “guerre contre la drogue” ne peut être considérée comme une opération légitime de maintien de l’ordre”, mais constitue plutôt une attaque systématique contre des civils.
Duterte a mené une guerre totale controversée contre la drogue aux Philippines depuis son arrivée au pouvoir en juin 2016, qui, selon la police, a coûté la vie à plus de 6 600 personnes. Des observateurs indépendants estiment que ce chiffre pourrait être bien plus élevé que cela.
Des enfants tués
Parmi les personnes tuées figurent des enfants, ainsi que des consommateurs de drogue ordinaires et des criminels exécutés de manière extrajudiciaire.
La police a contesté à plusieurs reprises les allégations d’exécutions extrajudiciaires ou d’autodéfense généralisées, et M. Duterte affirme que la police a pour ordre de ne tuer qu’en cas de légitime défense.
L’association philippine de défense des droits Karapatan a déclaré que les commentaires du tribunal “réaffirment l’opinion des victimes et de leurs familles.”
“Duterte et ses cohortes doivent être tenus responsables de ces crimes”, a-t-il déclaré après la décision de la CPI.
Duterte contre la CPI
Dans un discours prononcé en juillet, Duterte s’en est pris à la Cour, affirmant qu’il poursuivrait sa lutte contre la drogue. “Je ne l’ai jamais nié et la CPI peut l’enregistrer : Ceux qui détruisent mon pays, je vous tuerai”, a-t-il déclaré.
Bien que les Philippines se soient retirées de la CPI, elles en ont été membres entre juillet 2016 et mars 2019, période couverte par l’enquête prospective. Les juges ont déclaré que les crimes pertinents semblaient s’être poursuivis après cette date, mais que la Cour se limitait à enquêter sur ceux soupçonnés d’avoir été commis pendant que les Philippines étaient membres.
Remerciements à Michel Prevot