En Thaïlande comme partout en Asie, l’or sert de bas de laine en cas de mauvaise fortune. Des milliers de boutiques d’or, tenues en majorité par des Thaïs d’origine chinoise, vendent colliers, bagues, parures et ornements, et font office de prêteurs sur gage.
On en trouve dans le moindre petit village de campagne. Beaucoup de familles s’en servent comme variable d’ajustement de leur budget. Il y a donc de nombreux ateliers dans le Royaume.
Au nord de Sukhothaï, à Tha Chaï, il en existe quelques-uns qui travaillent l’or suivant des méthodes traditionnelles de Sukhothaï nées à l’époque de Ratanakosin.
Ainsi SOMSAMAI GOLD Shop, qui a presque un siècle, est célèbre dans tout le Royaume pour la qualité de ses produits à base d’un or pur à 24 carats (99,99 %).
Les lingots d’or sont achetés en Suisse.
Outre des bijoux, Il fabrique des ornements, couronnes et ombrelles bouddhistes pour les temples et les chédis, et restaurent des ornements anciens. La clientèle est thaïe à 90 %, le reste étant composé de Chinois, Japonais, Laotiens et Birmans.
Les commandes représentent 50 % du travail, et le reste est créé pour être vendu sur place.
La visite de cet atelier a inspiré Michel Hermann qui a écrit ce poème. Bonne lecture.
Penchée sur l’établi, ses délicates mains
Façonnent le fil d’or, entre fines pinces
Et puissant chalumeau. Ce fil d’or, si mince,
Deviendra par magie un vrai joyau d’airain.
Dentelle d’or pur et de pierres précieuses,
Porté comme un rempart par de nobles beautés,
Ce collier si parfait, si finement sculpté,
Sera la fierté de cette travailleuse.
Car de cet atelier, bien modeste et studieux,
Sortent des bijoux, des parures et ornements
De grande renommée, que des doigts, patiemment,
Créent au fil des heures, experts et consciencieux.
Les cinquante employés, femmes en majorité,
Travaillent un or pur de vingt-quatre carats,
Mou et d’un jaune passé. Formées sur le tas,
Elles s’appliquent à forger des œuvres raffinées.
Tout est fait à la main, y compris l’affinage
De l’or : vieux « débitants » et « bancs à étirer »
Produisent les fils d’or qui seront modelés
Par ces artistes au talent sans visage.
Chez Somsamai Gold shop, chacun a son établi.
Pinces, chalumeaux, triboulets, creusets, cambroirs,
Limes, maillets, bigornes racontent une histoire,
Une œuvre d’art intemporelle et aboutie.
Vingt kilos d’or par mois sont transformés ici :
Moitié commandes, moitié créations vendues
Sur place. L’échoppe en bois de teck, est tenue
Par la même famille depuis des décennies.
Une douzaine d’ateliers d’or prospéraient
Autrefois à Tha Chaï, au nord de Sukhothaï.
Il n’y en a plus que cinq, rescapés des batailles,
Concurrences, crises et autres calamités.
Ces petites mains d’or, dont les doigts effilés
Manient avec finesse l’infiniment petit,
Sont le génie créateur de ces objets sans vie,
Qui pourtant rayonnent comme des déités…
Le silence est d’or, l’écriture aussi… Merci Michel