L’origine du mot farang en thaï est sujette à caution. Plusieurs sources parlent de la transcription du mot « français » datant de l’époque des ambassadeurs envoyés par Louis XIV au royaume de Siam, qui phonétiquement aurait donné « farangset » et qui plus tard aurait été tronqué en « farang » pour désigner tous les Occidentaux, de la même manière que l’on dit les « gringos » en Amérique latine pour parler de tous les blancs, qu’ils soient nord-américains ou pas.
Mais revenons sous nos latitudes : les Thaïlandais ont du mal à prononcer deux consonnes accolées, comme FR, et ils les séparent donc par la voyelle A, d’où la syllabe « FAR ». En outre, il n’y a pas, en langue thaïe, notre équivalent de la voyelle « A » nasalisée, c’est-à-dire « AN ». Ils sont obligés de transcrire par « ANG » en rajoutant la consonne « NG », appelée « Ngau-Ngou », dont la prononciation, soit dit en passant, se trouve hors de portée de la plupart des farangs…
C’est ainsi que « fran » (de « français ») serait devenu « farang »…
On ne peut non plus ignorer la possibilité de l’assimilation du vocable arabo-persan « firangui », qui pourrait venir de « franc » (à l’origine terme générique pour les peuplades germaniques) et désignant celui qui vient de l’Ouest (comme les croisés puis les colons européens).
Or justement, les marchands arabes et/ou indo-musulmans ont beaucoup fréquenté les côtes du Siam pendant des siècles. D’ailleurs, en thaï, le mot « farang » désigne aussi la goyave, fruit que l’on trouve en Inde et en Amérique tropicale, et le légume « mann-farang » n’est autre que notre « pomme de terre », deux produits manifestement venus de l’extérieur, c’est-à-dire amenés par des « farangs ».
Et vu la tendance très asiatique à prononcer les « R » comme des « L », c’est « Falang » que vous entendez le plus souvent, car si nous parlons beaucoup des Thaïlandais entre nous, ils parlent aussi beaucoup de nous entre eux !
Raymond Vergé (article paru dans Gavroche en 2009)
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