C’est un face à face presque plus problématique que celui opposant, depuis des décennies, une partie de la jeunesse thaïlandaise à l’armée. Entre les militaires et les étudiants par exemple, le rituel est connu. L’armée thaïlandaise entend contrôler le pouvoir alors que la jeunesse exige de le partager. Ce scénario est douloureux, mais il est habituel.
La décision controversée de la Cour constitutionnelle thaïlandaise, pour qui appeler à la réforme de la monarchie signifie vouloir renverser l’État, pose en revanche une autre question: celle de la confiance d’une partie du pays dans sa justice. Les juges thaïlandais, c’est logique, font partie du système. Il ne faut pas s’étonner de leur prudence. Mais dans d’autres pays, les magistrats ont ouvert des brèches propices à l’éclosion d’une démocratie sous surveillance, mais vivante.
La Thaïlande a besoin d’oxygène politique. Les juges, en signant l’arrêt du débat politique sur le délit de lèse majesté, ont refusé cet oxygène démocratique. Avec un risque: relancer des deux cotés la volonté d’en découdre. Ce qui, au moment de la réouverture des frontières aux touristes, est tout, sauf une bonne nouvelle pour la majorité des thaïlandais.