Douze personnes résidentes en Thaïlande ont été arrêtées par la police royale thaïlandaise pour avoir relayé le message d’une jeune touriste britannique qui affirme avoir été violée, en juin dernier, sur l’ile de Koh Tao. La police, mise en cause pour son enquête, verrouille le dossier. Le 4 septembre, 12 personnes résidant en Thaïlande, ont été arrêtées par la police pour violation de la loi sur l’informatique, pour avoir partagé le post, sur Facebook, d’une jeune londonienne de 19 ans qui dit avoir été victime d’un viol.
Mais coupables de quoi ?
Pour le savoir, il convient de faire un petit retour en arrière. En juin dernier, la jeune femme est en vacances sur l’île de Koh Tao. Victime d’un vol, elle s’est rendue sur l’ile voisine, Koh Phangan, afin d’y déposer une plainte. Mais de retour en Grande-Bretagne, elle a alors prétendu qu’elle avait également été violée lors de son agression. Elle précise qu’elle en avait également parlé à la police thaïlandaise mais que cette dernière n’avait pas enregistré sa plainte pour viol. Ce que la police réfute, affirmant qu’une enquête a bien été menée sur cette agression sexuelle, mais qu’aucun élément probant n’a pu être retenu. Les plaintes pour viol classées sans suite sont endémiques en Thaïlande.
En relayant le post de la jeune femme, les 12 personnes ont donc diffusé de fausses informations « qui affectent l’image de la Thaïlande» selon le colonel Napel Senatip, inspecteur adjoint de la police, cité par l’agence d’information Reuters. La police enquêterait aussi « des accusations de ‘crimes informatiques’ contre quiconque oserait remettre en cause leur enquête de mauvaise qualité concernant ce viol », souligne Brad Adams, directeur pour l’Asie, de Human Rights Watch.
Des mandats d’arrêt ont également été lancés contre deux autres « relayeurs » de l’information incriminée : Suzanne Emery, éditrice du journal en ligne Samui Times et Pramuk Anantasin. Installé aux États-Unis, Pramuk Anantasin est l’administrateur de la page Facebook CSI LA. CSI LA s’est rendue célèbre en Thaïlande en révélant en 2017 le scandale des montres de luxe (pour plus de 1,5 million de dollars) que le général Prawit, numéro deux de l’actuelle junte militaire, a été accusé d’avoir reçu. Le général Prawit s’est défendu en adressant plusieurs lettres justifiant la détention de ces montres auprès de la Commission nationale anti-corruption.
Le cas de la jeune britannique rappelle une autre affaire : la disparition d’Hannah Witheridge, 23 ans, et de David Miller, 24 ans, deux citoyens britanniques retrouvés morts sur une plage, également sur l’île de Koh Tao, en 2014. Et CSI LA avait alors, déjà, dénoncé la façon dont l’enquête policière avait été menée. Deux migrants du Myanmar avaient été jugés en 2015 et condamnés à mort. Ils sont aujourd’hui emprisonnés dans l’attente de l’exécution capitale. Ils ont encore interjetés un ultime appel en septembre 2017.
Si elles sont jugées coupables, les 12 personnes arrêtées, toutes résidentes en Thaïlande, encourent jusqu’à 5 ans de prison et des amendes de plus de 100.000 bahts.
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Fabrice Barbian
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