La disparition du prince Norodom Ranariddh, ce dimanche à Paris à l’âge de 77 ans, est la preuve d’une page qui se tourne. L’on oublie, trente ans après, combien le fils du défunt roi Sihanouk joua un rôle de premier plan dans les accords de paix de Paris, en partie négociés à Pattaya, dans les salles de l’hôtel Royal Cliff. On oublie aussi ce que signifiait, dans les années 80 post Khmers rouges et post invasion vietnamienne du Cambodge, la résistance royaliste basée à Bangkok, du coté du Soi Suan Phlu.
Le prince Ranariddh, dominé, bafoué puis évincé du pouvoir à partir de 1997 par Hun Sen, beaucoup plus habile et puissant que lui, ne fut que l’ombre politique de son père. Il n’y avait pas de place, au Cambodge, pour deux figures royales et la reine-mère Monique, toujours en vie, souhaitait avant tout faire de la place à son propre fils, l’actuel roi Norodom Sihamoni.
Reste que le prince Ranariddh, juriste, un temps professeur de droit à la faculté d’Aix en Provence n’aura jamais été pris en flagrant délit de comportement anti-démocratique. Il n’aura pas été à la hauteur des espoirs mis en lui par la communauté internationale. Mais il sut à un moment incarner la réconciliation dans un pays labouré par des décennies de guerre. Il était un peu notre histoire cambodgienne. Un mélange d’espoir, de ratage et de perdition dans le grand engrenage fatal de l’ex royaume d’Angkor.