Notre expert en géopolitique Yves Carmona, ancien Ambassadeur de France au Laos et au Népal (ce dernier pays très touché par le réchauffement qui fait fondre ses glaciers himalayens) s’est penché sur les conclusions de la récente conférence COP 26 sur le climat. Voici son bilan.
Dans un monde de plus en plus pollué, ce n’est pas facile d’y voir clair et cet article s’y attaque, sans oublier que le risque du réchauffement trouve son origine et trouvera peut-être sa solution en Asie pour une grande part.
Pour tenter de faire court, l’auteur de ces lignes les concentre sur ses commentaires et renvoie pour l’analyse des faits principalement à trois notes d’organismes qui font autorité :
– l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) / Quel bilan tirer de la COP 26 de Glasgow ? | IDDRI
– Le rapport du RTE Futurs énergétiques 2050 rapport du rte | Vie publique.fr (vie-publique.fr)
– et l’article https://tnova.fr/ecologie/transition-energetique/flambee-des-prix-de-lenergie-limiter-nos-vulnerabilites/
• COMMENTAIRES
Plutôt que de parler comme certains de réchauffement, le terme approprié serait plutôt celui d’accidents climatiques.
L’atténuation, ce sont les mesures annoncées pour réduire la pollution par le CO2, un des responsables principaux de l’émission de gaz polluants, mais le plus polluant, contrairement à ce qu’on pourrait croire, vient de feux de bois en plein air interdits depuis 2011.
Les négociations officielles ont réuni quelque 20 000 personnes, les non-officielles sont littéralement innombrables.
• Le chapitre “Finances” montre que les pays pauvres ne sont pas satisfaits de ce que les riches ont consacré à la lutte contre la pollution, notamment par transferts de technologie.
• Le point “marchés du carbone” est particulièrement technique. Il signifie en termes simples qu’il ne suffit pas de racheter la pollution en payant des pays où la pollution est faible mais qu’il faut réduire la pollution elle-même.
• L’adaptation consiste à s’adapter à une pollution plus importante. Construira-t-on des murs pour contenir la hausse des océans en espérant qu’ils résisteront mieux que ceux censés empêcher la catastrophe nucléaire de Fukushima ?
• On a à peine envie de commenter les “pertes et dommages” : croit-on que quelques millions suffiront ?
• Économie réelle : la présidence britannique a fait un effort particulier mais son caractère publicitaire aux mains d’un premier ministre journaliste avant d’être homme politique nourrit les doutes sur son effectivité.
• Les mêmes doutes sont permis quand on constate que Washington a remis au lendemain de la conférence l’annonce de permis d’exploiter de gros gisements d’hydrocarbures.
• L’Asie est très présente dans ce document, qu’elle soit victime comme le Bangladesh ou responsable promettant de lutter contre la pollution comme l’Indonésie et les Philippines. Et surtout, c’est encore l’accord entre les deux plus gros pollueurs, la Chine et les États-Unis, qui a permis d’aller de l’avant.
• Car le document signale trois avancées, la plus importante étant celle qui annonce pour 2030 un objectif majeur de réduction des gaz à effet de serre (GES), la deuxième plus symbolique désigne les combustibles fossiles comme principaux responsables de leur émission et la troisième portant de manière plus exigeante sur le marché du carbone.
• Reste évidemment à concrétiser ces annonces et la précédente COP a montré qu’il pouvait y avoir un écart plus ou moins important entre celles-ci et la réalité. L’IDDRI espère que la COP27 de Sharm-El Cheikh permettra d’aller plus loin dans la mise en œuvre.
• En résumé dit l’IDDRI, “la COP 26 a réalisé des progrès sur toutes les questions clés que nous avions posées avant la COP 26 pour évaluer son succès, même si les engagements doivent maintenant être renforcés, mis en œuvre intégralement et dans les délais pour tenir leurs promesses.”
• On est donc à mi-chemin entre un discours catastrophiste niant à la COP23 tout résultat et le négationnisme qui rejette toute relation entre l’humanité et la pollution.
et l’énergie, que vient-elle faire avec la COP26 ?
D’abord, elles partagent l’actualité, durablement pour cette dernière dont la rareté relative n’a pas fini de se faite sentir. En effet, ce que montre le rapport du RTE, un recours croissant à l’électricité augmentera le besoin de sa production donc, pour les pays concernés, aux centrales nucléaires et pour les autres à une pollution venue d’ailleurs. L’exemple peut être trouvé en RFA qui recourt à l’électricité d’origine nucléaire produite en France.
L’affaire Nord Stream en est également une conséquence, car il s’agit à travers un projet engagé en 1997 et surtout dans son gazoduc Nord Stream 2 de faire sentir le poids de la Russie dans la production d’énergies fossiles. Les échanges liés à la pollution sont innombrables. Singapour subit les feux de brousse malaisien et indonésien, le Japon les vents de sable chinois et le Népal les répercussions sur son ciel de l’obscurcissement de villes indiennes.
Nous n’avons qu’une terre dit-on et ces exemples l’illustrent.
Ce sont évidemment les pays pauvres qui paient le prix le plus lourd, en particulier ceux qui sont menacés de disparition par la montée des océans et des fleuves.
Enfin, la pollution de l’air n’est qu’un aspect des atteintes à l’environnement. Deux autres font l’objet de conventions : la biodiversité que tente de protéger la CITES depuis la convention de Washington en 1973 et la lutte contre la désertification menée par l’ONU depuis la Convention de 1994. Mais bien des sources de pollution sont en attente de convention comme les plastiques dont la prolifération affecte les fonds marins.
De tout cela, on peut conclure qu’il n’y a rien à faire car c’est déjà trop tard ou, c’est le parti pris de l’auteur de ces lignes, se dire que chacun est responsable et cela va de l’extinction de lumières électriques inutiles à la marche quand la voiture peut être laissée au garage. Dérisoire ?
Yves Carmona