Les meilleurs alliés des dictatures sont toujours l’indifférence et l’oubli. Or ce qui se passe en Birmanie commence à ressembler à ce scénario. La condamnation à quatre ans de prison de l’ancienne dirigeante élue Aung San Suu Kyi, lundi 6 décembre, sonne comme la preuve de ce couvercle de répression que les généraux birmans sont en train de verrouiller.
Au total, la prix Nobel de la Paix 1992 pourrait être condamnée à plusieurs dizaines d’années de détention. Quelles que soient les critiques adressées à sa gestion de la crise humanitaire des Rohingyas durant ses années de pouvoir, ces poursuites sont une insulte au peuple birman qui l’a réélu triomphalement en novembre 2020, donnant une écrasante majorité de sièges à son parti, La ligue nationale pour la démocratie.
Ouvrons les yeux sur la Birmanie. Ne nous laissons pas assoupir par le retour à une normalité économique de façade, sur laquelle les autorités vont évidemment jouer. Chaque semaine, les nouvelles des organisations de défense des droits de l’homme sont toujours plus désespérantes. Le pays est recroquevillé. La guerre civile est une réalité. Mais plus personne ne semble y prêter attention.
Les généraux Birmans ont surmonté l’écueil du sommet de l’Asean. Ils ont été interpellés, mais sans plus, lors du sommet Asie Europe.La réalité de la Birmanie est à l’image du procès à huis clos d’Aung San Suu Kyi. Le pays revient à l’autarcie qui fut pendant des décennies le choix de la Tatmadaw (l’armée birmane) pour préserver son pouvoir. Bientôt un an de répression ? Au vu de la sinistre normalisation en place en Birmanie, ce verrouillage couleur kaki mérite toute notre attention, notre mobilisation et notre compassion pour ce peuple étranglé.