Comment contrôler les ONG qui s’opposent à l’État sur diverses questions telles que la gestion de l’insurrection du Grand Sud, les réformateurs de la monarchie, les environnementalistes anti-mégaprojets, etc.
Le gouvernement thaïlandais a en effet donné son feu vert au projet de loi sur les opérations des ONG. Le Parlement, qui compte de nombreux flagorneurs de Prayut, va très probablement l’adopter sous peu.
“Ils peuvent restreindre certains types d’activités, par exemple organiser un forum public pour critiquer l’armée. Ils n’ont pas encore de loi de ce type”, m’a dit mercredi Pornpen Khongkachonkiet, un dirigeant d’ONG chevronné et directeur de la Cross Cultural Foundation. Elle a ajouté que si le projet de loi est adopté, la loi sur les opérations des ONG pourrait exiger que les organisations non gouvernementales soumettent leurs plans d’activité à l’approbation du gouvernement à l’avance, afin de s’assurer que “l’ordre public” et les “bonnes mœurs” ne sont pas affectés.
Des questions comme la réforme de la monarchie, y compris l’appel à l’abolition de la loi controversée sur la lèse-majesté, pourraient être perçues par le gouvernement comme contraires aux bonnes mœurs.
Les ONG qui organisent ou aident les protestations sur le même sujet, comme la réforme de la monarchie, ou contre l’imposition de longue date du décret d’urgence dans le Grand Sud, ou contre la peine capitale, pourraient être interprétées par l’État comme étant contre “l’ordre public”.
Cette situation, combinée au contrôle éventuel du montant et des bénéficiaires des dons des bailleurs de fonds étrangers aux ONG thaïlandaises, permettra à l’État d’exercer un contrôle accru sur les ONG. En comprimant ou en restreignant le flux d’argent, certaines ONG pourraient se retrouver à sec ou mourir.
Parmi les suspects habituels, citons Open Society Foundations (OSF), qui est l’une des plus grandes organisations philanthropiques du monde soutenant des questions telles que la liberté, la démocratie et les droits de l’homme dans plus de 120 pays, mais qui est considérée par les nationalistes xénophobes de droite comme un cheval de Troie des États-Unis tentant de déstabiliser ou d’évincer les administrations qui ne sont pas conformes aux intérêts américains.
L’Union européenne est également un important donateur pour certaines organisations thaïlandaises à but non lucratif qui travaillent sur des questions considérées comme opposées à l’État thaïlandais. Par exemple, l’UE a financé en partie le Thai Lawyers for Human Rights Group, qui représente actuellement presque exclusivement les quelque deux cents personnes inculpées en vertu de la loi sur la lèse-majesté.
Remerciements à Philippe Bergues